Rivalités au Maroc : l’Iran prend position

Les tensions entre le Maroc et l’Algérie, deux puissances régionales d’Afrique du Nord, perdurent depuis des décennies. Au cœur de ce conflit se trouve la question épineuse du Sahara occidental, un territoire disputé revendiqué par le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Cette rivalité a des répercussions profondes sur la stabilité régionale, affectant les relations diplomatiques, économiques et sécuritaires dans le Maghreb. Les deux pays s’accusent mutuellement de saper leurs intérêts nationaux, ce qui a conduit à la fermeture de leurs frontières terrestres depuis 1994 et à la rupture des relations diplomatiques en 2021. Cette situation de statu quo tendu influence non seulement les dynamiques bilatérales mais attire également l’attention et l’implication d’acteurs internationaux, complexifiant davantage le paysage géopolitique de la région.

L’Iran réaffirme son soutien au Polisario

Dans ce jeu d’échecs diplomatique, l’Iran vient de faire un mouvement significatif. Lors d’une réunion de la 4e commission de l’ONU, la représentante de Téhéran a pris la parole pour condamner ce qu’elle qualifie d’« impérialisme mondial » et pour réaffirmer le rôle crucial des Nations unies dans la protection des droits du peuple sahraoui. Cette déclaration, loin d’être anodine, ravive les braises d’un conflit qui couve depuis des années.

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L’intervention iranienne ne se limite pas à une simple critique. Elle appelle à un engagement concret en faveur de négociations sous l’égide de l’ONU, exhortant les parties à entamer un dialogue de bonne foi et sans conditions préalables. L’objectif affiché est d’aboutir à une solution politique qui soit à la fois juste, durable et acceptée par toutes les parties prenantes. Cette position, qui semble équilibrée en surface, cache en réalité un soutien à peine voilé au Front Polisario et à ses revendications.

Un soutien historique qui perdure

L’appui de l’Iran au Polisario n’est pas nouveau. Depuis le début des années 1980, Téhéran reconnaît officiellement la « République arabe sahraouie démocratique » (RASD), une entité politique proclamée par le Front Polisario mais non reconnue par l’ONU. Cette reconnaissance de longue date illustre la constance de la politique iranienne sur ce dossier, malgré les changements de gouvernements et les bouleversements géopolitiques survenus depuis.

La position iranienne a des conséquences directes sur ses relations avec le Maroc. En 2018, Rabat a pris la décision radicale de rompre ses liens diplomatiques avec Téhéran, accusant l’Iran d’ingérence dans ses affaires intérieures. Cette rupture a marqué un point de non-retour dans les relations bilatérales, cristallisant les tensions autour de la question sahraoui.

Cependant, des signes d’ouverture avaient été perceptibles récemment. En juin 2023, l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, avait exprimé la volonté de son pays d’ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec le Maroc. Cette main tendue laissait entrevoir la possibilité d’un rapprochement. Toutefois, le décès tragique d’Abdollahian dans un accident d’hélicoptère en mai 2024 a laissé cette initiative en suspens, illustrant la fragilité des efforts diplomatiques dans une région marquée par l’instabilité.

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La récente déclaration iranienne à l’ONU semble donc marquer un retour à une position plus traditionnelle de soutien au Polisario. Elle souligne la complexité des enjeux diplomatiques dans la région, où chaque prise de position est scrutée et interprétée à travers le prisme des rivalités régionales. Dans ce contexte, l’implication de l’Iran ajoute une dimension supplémentaire à un conflit déjà multifacette, renforçant la nécessité d’une approche globale et inclusive pour espérer trouver une solution durable au conflit du Sahara occidental.

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