Le ministère de l’Administration territoriale camerounais a pris une mesure controversée interdisant tout débat médiatique sur l’état de santé du président Paul Biya. Cette décision, annoncée le 10 octobre par le ministre Paul Atanga Nji, intervient dans un contexte d’inquiétudes croissantes suite à l’absence prolongée du chef d’État âgé de 91 ans, qui n’a pas fait d’apparition publique depuis début septembre 2024.
Le communiqué ministériel justifie cette interdiction en qualifiant les discussions sur la santé présidentielle de question relevant de la sécurité nationale. Des instructions ont été données aux gouverneurs pour mettre en place des cellules de surveillance des médias privés, chargées d’identifier les auteurs de commentaires jugés tendancieux sur le sujet.
Cette mesure a provoqué de vives réactions dans les milieux journalistiques et politiques du pays. De nombreux professionnels des médias expriment leur inquiétude quant aux conséquences de cette décision sur la liberté d’expression et le débat démocratique au Cameroun.
Boney Philippe, directeur de Vision 4 et animateur de l’émission « Club d’élites », souligne l’impact négatif de cette interdiction sur la liberté de la presse. Il se voit contraint de modifier le contenu prévu pour son prochain débat dominical. De son côté, Bouba Ngomena, présentateur de « Canal presse » sur Canal 2 international, s’interroge sur les prérogatives du ministre de l’Administration territoriale, estimant qu’il empiète sur les domaines du ministère de la Communication et du Conseil national de la communication.
Dans la sphère politique, le député Jean-Michel Nintcheu, soutien de l’opposant Maurice Kamto, a vivement critiqué cette mesure. Il l’a qualifiée d’instauration d’une « Gestapo » au sein des services des gouverneurs, dénonçant ainsi une dérive autoritaire du pouvoir en place.
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