« C’est dans le malheur, on reconnait ses vrais amis » dit un vieux dicton populaire repris dans une chanson par le célèbre artiste feu Stan Tohon, roi du Tchink système. Et cela se vérifie actuellement pour Olivier Boko. Homme fort de la gouvernance de la Rupture il y a quelques jours, l’ami de Patrice Talon est aujourd’hui tombé en disgrâce. Au sein de la majorité présidentielle, sa page est quasiment tournée.
Olivier Boko, ami de Patrice Talon depuis une vingtaine d’années est aujourd’hui classé dans le rang des probables ennemis de l’actuel chef de l’Etat béninois. Le motif, c’est qu’il aurait tenté de renverser la pouvoir de son ami. Présenté comme le bras droit du président, il n’a jamais eu de fonction officielle dans la gestion du pouvoir d’Etat. Mais, il était vu comme le manager en chef de la majorité présidentielle.
Depuis quelques mois, on lui attribue des ambitions politiques, puisque sa candidature à la prochaine élection présidentielle est suscitée par des groupes organisés. Sur le sujet, Patrice Talon n’a pas dit ouvertement son désaccord mais, il n’a pas non plus encouragé son ami à avancer. Des observateurs ont évoqué une certaine tension entre les deux anciens amis qui ne seraient plus sur la même longueur d’onde. Les mêmes observateurs ont annoncé l’existence de deux groupes désormais au sein de la majorité présidentielle, un fidèle à Patrice Talon et l’autre à Olivier Boko. Mais, aucune communication officielle n’a été faite dans aucun des camps. Ces informations sont donc restées à l’étape de rumeurs jusqu’à l’éclatement de l’affaire de tentative de coup d’état, le 24 septembre 2024.
Olivier Boko est alors arrêté et déposé en prison, avec un ancien ministre qui avait démissionné du gouvernement du président Patrice Talon. D’autres anciens proches collaborateurs du chef de l’Etat seraient également recherchés. Cette situation a permis au peuple béninois de confirmer la rumeur d’une fissure dans les relations entre Boko et Talon. Ce qui est difficile à vérifier par contre, c’est l’existence de deux camps au sein de la Rupture. Depuis son arrestation, quasiment personne — en tout cas aucune figure importante du régime de la Rupture se réclamant de la majorité présidentielle — n’a pris fait et cause pour celui qui, jusqu’à récemment, était le bras droit du maître du jeu, à l’exception de ceux qui se revendiquent du mouvement OB 2026. En effet, dès l’arrestation de Boko, le groupe de soutien à sa candidature à la présidentielle de 2026, Objectif Bénin 2026, a dénoncé « une atteinte grave aux droits fondamentaux, un acharnement politique clair et des méthodes répressives inacceptables ».
« Chaque jour, l’hypocrisie du Béninois que nous sommes se révèle en grandeur nature. C’est dangereux. Donc, c’est seulement dans l’abondance et le bonheur qu’on a d’amis chez nous. La plupart des camarades de l’opposition au régime de la Rupture en ont déjà fait l’amère expérience dont entre autres: Ajavon, Koutché, Madougou, Aïvo, Djenontin, Léhady, Codjo, Fatouma, Affo Djobo, Mètognon, Hountondji, Tamègnon, etc. La mouvance me prouve à présent qu’elle n’est pas différente, sinon pire en matière d’amitié, de fidélité et de loyauté. Où sont passés les pro Olivier BOKO (OB) connus de la mouvance: députés, ministres, maires, magistrats, avocats, directeurs financiers des ministères, opérateurs économiques sous-traitants, militaires, policiers, journalistes et les amis cachés dans l’opposition? À peine le Procureur Spécial a fini son point de presse et déjà certains ont commencé à nier OB, adulé encore il y a quelques jours. Dans le monde profane, je le comprends facilement parce qu’ils sont tous des opportunistes sans foi, ni loi. Mais je le comprendrai difficilement avec les pasteurs et cadres chrétiens qui juraient terre et ciel avec des sorties de proclamation et de fausses prophéties afin d’arnaquer Olivier Boko présenté comme le futur président de la République; ce grand arbre sous lequel vont s’abriter d’ici deux ans les futurs ministres, directeurs généraux, Ambassadeurs, Opérateurs économiques, magistrats, députés, maires, journalistes, … », avait écrit Valentin Djènontin Agossou sur sa page Facebook le 25 septembre 2024.
Et depuis lors, silence radio. Aucun acteur de la majorité présidentielle ne s’est prononcé en faveur de l’homme que certains surnomment aujourd’hui « Judas ». On pourrait dire que les gens attendent le verdict de la Criet pour se positionner. Mais, on remarque déjà dans les discours, communiqués et autres, qu’on ne lui accorde même pas le bénéfice du doute. La page Olivier Boko est déjà fermée à la Rupture. Comme quoi, en politique au Bénin, chacun pour soi et Dieu pour tous.
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