(Encore une preuve de chute des valeurs au Bénin) Le syndicaliste Noël Chadaré est entré en politique. Il a choisi faire son aventure au sein du Parti Union Progressiste le Renouveau. La cérémonie de son adhésion officielle à ce Parti de la majorité présidentielle s’est déroulée hier mardi 24 novembre au siège annexe du Parti à Cotonou. Ce qui peut être considéré comme un évènement pour certains représente pourtant un objet de critique pour beaucoup et donne la preuve du recul des valeurs dans la société béninoise.
Noël Chadaré est désormais membre à part entière du parti UP-R, l’un des deux grands partis du camp au pouvoir. Alors que Joseph Djogbénou et ses camarades célèbrent avec faste cette adhésion, l’opinion publique béninoise parle d’un non évènement. Il s’agit ici d’une entrée en politique d’un acteur qui n’est connu que sur la scène syndicale, donc en tant qu’acteur de la société civile, les syndicats étant régis au Bénin par la loi de 1901. Le personnage dont il s’agit n’a donc aucun poids politique avéré, pour n’avoir jamais été à la moindre élection dans l’histoire politique du Bénin. En quoi représente-t-il alors un gros gibier comme les partisans de l’UP-R ont tendance à le dire ?
Noël Chadaré, ex secrétaire général de la confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), est une figure reconnue du syndicalisme dans le pays. Son influence politique reste marginale, malgré ses nombreuses interventions publiques. Bien que ses prises de position soient souvent médiatisées, elles ne pèsent pas durablement sur l’échiquier politique béninois.
Une preuve de la chute des valeurs
En décembre 2016, Noël Chadaré déclarait sur la liquidation des entreprises d’Etat, « ce sont des réformes orientées vers le privé. On veut affaiblir le public au profit du privé ». Le 10 septembre 2017, alors qu’il était l’invité de l’émission « Sans langues de bois » de Soleil Fm, le syndicaliste affirme, «il n’y a pas de différence entre la rupture et les précédents gouvernements. C’est la continuité dans la conduite des affaires».
Et il va renchérir en Janvier 2018 au cours d’un meeting syndicale tenu à l’école primaire publique de Guincomey dans la commune de Lokossa. « L’heure est grave et si l’on continue de se taire on va recevoir sur nos têtes, les fientes des oiseaux de la Rupture. C’est pour ça que nous sommes venus vous voir. Il y a des combats qui nous attendent et nous devons nous battre. Nous avons notre destin en main », dit Noël Chadaré.
Toutes ces interventions publiques incriminent le régime de la rupture et sa gouvernance du Bénin. Et ce n’est pas tout. En décembre 2023, sur le reversement des aspirants au métier de l’enseignement Noël Chadaré déclare « c’est un pas timide, très timide même. C’est un calcul d’épicier et cela ne peut pas produire de résultat dans le secteur éducatif ». Il insistera au cours de l’émission « Sans détour » de Radio Sêdohoun, dont il était l’invité, le samedi 30 mars 2024. « C’est une symphonie inachevée. Il faut faire en sorte que cette appellation disparaisse, qu’elle soit conjuguée au passé. Il faut faire le reversement pour que tous deviennent des Acdpe avec un contrat de longue durée », insiste Noël Chadaré.
Que ce même personnage se retrouve aujourd’hui aux côté des acteurs qu’il a passé huit ans, des douze comme secrétaire général de la Cosi Bénin, à critiquer, cela pose un problème d’éthique. Ou bien Noël Chadaré calomniait les dirigeants politiques ou alors il est en confusion avec sa propre personne. A ce jour, les Ame sont –ils déjà reversés ? Le régime de la rupture a-t-il déjà mis fin à la liquidation des entreprises d’Etat ? Le mode de gouvernance qu’il qualifiait de pareil au régime précédent a-t-il entre temps changé de cap ? La suppression du droit de grève qu’il a critiqué est – elle désormais annulée ? Quelles sont les valeurs qui fondent l’entrée en politique, puis l’adhésion au parti UP-R de l’ancien Sg de la Cosi-Bénin ?
Dans les jours à venir, il aura certainement la possibilité de répondre ou d’esquiver ces nombreuses questions. Une chose est sûre, son entrée en politique n’est pas plus remarquable que celle de tout citoyen béninois. Et s’il arrive que cela retienne l’attention, ce sera seulement parce qu’il s’agit d’une certaine négation des valeurs.
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