Corruption : un milliardaire risque gros aux USA

Gautam Adani (SCOTT BRAUER / THE NEW YORK TIMES)

Les liens étroits entre Gautam Adani et le Premier ministre indien Narendra Modi ont propulsé son empire industriel vers les sommets. Originaires tous deux du Gujarat, leur relation privilégiée alimente depuis des années les soupçons de favoritisme dans l’attribution des marchés publics. À la tête d’un conglomérat tentaculaire pesant plusieurs dizaines de milliards de dollars, Adani règne sur un empire qui s’étend des infrastructures portuaires aux médias, en passant par le ciment et l’énergie. Mais aujourd’hui, la justice américaine menace de faire vaciller cet édifice bâti en trois décennies.

Une affaire qui ébranle New Delhi

Le département américain de la Justice et la SEC (Commission des opérations de Bourse) ont mis au jour un système de corruption d’envergure internationale. Entre 2020 et 2024, le groupe Adani aurait versé plus de 250 millions de dollars de pots-de-vin pour s’assurer le contrôle de projets solaires en Inde, au détriment d’investisseurs américains. Ces révélations ont provoqué un séisme à la Bourse de Bombay, où l’action Adani Enterprises s’est effondrée de 17,53%. Sa filiale énergétique, directement visée par l’enquête, a subi une chute encore plus brutale de 18,60%. Le chef de l’opposition indienne Rahul Gandhi a saisi l’occasion pour exiger l’arrestation immédiate du magnat.

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Un géant aux pieds d’argile

Le groupe Adani tente de faire front, qualifiant ces accusations de « sans fondement ». Pourtant, cette nouvelle affaire ravive le souvenir des accusations de la société Hindenburg Research, qui avait déjà ébranlé l’empire en 2023. Le cabinet d’investissement américain avait alors dénoncé une manipulation massive des cours boursiers et une fraude comptable systématique, entraînant une perte de valorisation de 150 milliards de dollars pour le groupe. La fortune personnelle d’Adani s’était alors volatilisée de 80 milliards de dollars, avant un redressement progressif.

L’avenir des énergies renouvelables en question

Cette tempête judiciaire menace aussi les ambitions vertes de l‘Inde. Le groupe Adani, partenaire stratégique de TotalEnergies, pilote actuellement la construction du parc d’énergie renouvelable le plus ambitieux au monde près de la frontière pakistanaise. Ce projet titanesque, couvrant une superficie cinq fois supérieure à Paris, symbolise les enjeux du développement des énergies propres dans ce pays, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre. Les démêlés judiciaires d’Adani pourraient ainsi compromettre la transition énergétique indienne et remettre en question le modèle économique promu par le gouvernement Modi, où grands groupes privés et pouvoir politique entretiennent des relations particulièrement étroites.

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