Initialement détenue par Firefinch, une société australienne, Morila a été un acteur majeur de l’industrie aurifère malienne pendant deux décennies, produisant plus de 7,5 millions d’onces d’or. Cependant, en raison de difficultés financières, Firefinch a été contrainte de mettre la mine en vente. L’annonce a été faite le 8 mai 2024 et c’est la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA) qui devrait racheté l’actif, pour une somme symbolique d’un dollar. Mais la finalisation du contrat a connu un retard dû à un obstacle majeur qui s’est présenté. Il s’agit d’un litige financier opposant Firefinch à la société malienne Entreprise générale Traoré et Frères (EGTF).
La société EGTF réclamait une importante somme d’argent de 12,84 milliards de FCFA (environ 20,7 millions de dollars) au titre de travaux réalisés. Après plusieurs mois de négociations, la résolution du litige a été effective. La société malienne a retiré sa plainte. Le Mali peut donc désormais acquérir librement la mine d’or de Morila. Cette acquisition s’inscrit dans le cadre d’une politique plus générale de nationalisation des ressources minières mise en œuvre par le gouvernement malien. En effet, une révision du Code minier en 2023 a porté la participation minimale de l’État dans les mines à 30%, contre 20% auparavant. L’objectif est clair : accroître les recettes fiscales du pays et renforcer le contrôle sur un secteur stratégique pour l’économie malienne.
Des entreprises minières pointées du doigt pour leurs pratiques
Il est à noter que cette opération intervient dans un contexte marqué par des tensions entre le Mali et certaines entreprises minières étrangères. Récemment, Resolute Mining, une autre société australienne présente au Mali, a dû verser une importante somme d’argent au gouvernement malien pour régler des différends et obtenir la libération de ses dirigeants arrêtés et placés en garde à vue début novembre. Ces événements illustrent la volonté du Mali de renégocier les termes des contrats miniers et de renforcer sa position face aux multinationales. Avec la reprise de Morila, le Mali consolide son rôle de producteur d’or majeur en Afrique de l’Ouest.
Cependant, de nombreux défis restent à relever pour assurer une exploitation durable et profitable de cette ressource. La question de la gouvernance des entreprises publiques, de la transparence et de la lutte contre la corruption sont autant d’enjeux cruciaux qui peuvent être des obstacles pour le succès de cette nouvelle politique minière.
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