Le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, a tranché dans le vif ce 20 novembre 2024 en signant le décret n°2024-0656 PTRM. Ce texte met fin non seulement aux fonctions du Premier ministre Choguel Maïga, mais révoque également l’ensemble des membres du gouvernement. Le décret, lu solennellement par le secrétaire général de la présidence Alfousseyni Diawara, abroge trois textes fondamentaux : celui du 7 juin 2021 nommant le Premier ministre, le décret du 4 décembre 2022 portant nomination d’un ministre d’État, et celui du 11 juin 2021 modifié désignant les membres du gouvernement.
L’escalade des tensions au sommet de l’État
Cette décision radicale intervient après une série de déclarations fracassantes du Premier ministre sortant. Nommé après le coup d’État de 2021, Choguel Maïga s’était progressivement éloigné de la ligne gouvernementale, critiquant ouvertement la gestion de la transition. Il avait notamment dénoncé son exclusion des décisions majeures, comme le report des élections, et pointé du doigt la création massive de nouveaux partis politiques favorables au régime – plus de 100 en moins de deux ans – en contradiction avec les recommandations des assises nationales qui préconisaient leur réduction.
Le bras de fer final
La rupture définitive s’est amorcée sous la pression du Collectif pour la défense des militaires (CDM), qui avait exigé la démission du Premier ministre dans un délai de 72 heures, l’accusant de « haute trahison ». Ces tensions interviennent à un moment critique pour le Mali, qui peine à sortir d’une spirale de crises depuis les coups d’État de 2020 et 2021. La junte, qui devait initialement céder le pouvoir aux civils en mars 2024, a repoussé cette échéance sans définir de nouveau calendrier, ajoutant une couche d’incertitude à la situation politique du pays. Le limogeage de Choguel Maïga marque ainsi une nouvelle phase dans la transition malienne, dont l’issue reste encore indéterminée.
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