Commerce au Maghreb : comment ce pays veut préserver les intérêts de ses producteurs locaux

Photo d'illustration

Face à des soupçons de pratiques commerciales déloyales de la part de l’Égypte, le Maroc a pris des mesures pour protéger ses producteurs locaux de tomates. À partir du mardi 24 décembre, un droit antidumping de 29,93 % est imposé sur les importations de conserves de tomates égyptiennes pour une durée de cinq ans. Cette décision, annoncée par l’Administration des douanes et impôts directs dans un communiqué daté du lundi 23 décembre, fait suite à une enquête approfondie initiée par les autorités marocaines.

C’est sous l’impulsion de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI) que le ministère de l’Industrie et du Commerce a ouvert une enquête en août 2023 pour examiner l’impact des importations égyptiennes sur le marché local. Les résultats, dévoilés en avril dernier, ont mis en évidence les répercussions négatives sur les prix de vente, les parts de marché, et la rentabilité des producteurs marocains. « Les importations en provenance d’Égypte ont perturbé le marché marocain en pesant sur les niveaux de prix et en réduisant les volumes vendus par les acteurs locaux », a déclaré le ministère à l’issue de l’enquête.

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Le droit antidumping vise à corriger cette situation et à garantir une concurrence équitable. En imposant cette taxe, Rabat entend soutenir son industrie agroalimentaire face à ce qu’elle considère comme des pratiques déloyales. Les conserves de tomates égyptiennes, qui représentent près de 75 % des importations marocaines sur ce segment, sont désormais soumises à une pression fiscale accrue, redéfinissant ainsi les rapports de force sur le marché.

Si l’objectif est clair pour le Maroc, cette mesure ne sera pas sans conséquence pour les exportateurs égyptiens, qui dominent traditionnellement ce secteur. Ils devront désormais composer avec une concurrence accrue non seulement de la production marocaine, mais aussi d’autres fournisseurs internationaux comme l’Espagne, la Chine, l’Italie et l’Inde.

En 2023, le Maroc a importé pour plus de 29,6 millions de dollars de conserves de tomates, dont une majorité écrasante provenait de l’Égypte. Cependant, cette hégémonie pourrait être remise en question avec l’instauration du droit antidumping, qui durera jusqu’en 2029. Ce changement pourrait ouvrir de nouvelles opportunités aux autres acteurs internationaux déjà présents sur ce marché, tout en renforçant les positions des producteurs locaux.

Cette décision marque une volonté affirmée du Maroc de préserver son tissu économique et de soutenir ses entreprises face à des pressions extérieures. Pour les producteurs marocains, c’est une bouffée d’oxygène dans un marché devenu particulièrement compétitif. Toutefois, pour les exportateurs égyptiens, la bataille pour maintenir leur position sur le marché marocain s’annonce difficile

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