Les relations diplomatiques entre l’Espagne et le Maghreb ont connu de multiples soubresauts au fil des années, particulièrement autour de la question du Sahara occidental. Le revirement de Madrid sur ce dossier en 2022, abandonnant sa position historique de neutralité pour soutenir le plan d’autonomie marocain, avait provoqué l’ire d’Alger. Cette décision avait entraîné le rappel de l’ambassadeur algérien, la suspension du traité d’amitié bilatéral et l’imposition de sanctions commerciales paralysant les échanges hispano-algériens pendant plus d’un an.
Une reprise progressive des échanges commerciaux
Le dégel des relations entre Madrid et Alger s’amorce depuis novembre 2023, marqué par le retour d’un ambassadeur algérien dans la capitale espagnole. Les premiers signes tangibles de cette détente se manifestent dans le domaine commercial, avec la levée progressive des restrictions sur certains produits espagnols. Les exportations de volaille et de viande bovine ont ouvert la voie, suivies par une reprise des échanges dans les secteurs automobile et textile. Les chiffres témoignent de cette embellie : les deux premiers mois de 2024 ont vu les exportations espagnoles vers l’Algérie atteindre 163 millions d’euros, une hausse notable comparée aux 17 millions enregistrés sur la même période en 2023.
Le port de Castellón en première ligne
La mission récente d’une délégation du port de Castellón en Algérie symbolise cette volonté de renouer les liens économiques. Cette infrastructure portuaire, qui entretenait des relations privilégiées avec l’Algérie avant la crise, notamment dans le secteur céramique, cherche à reconquérir sa place stratégique. Les échanges, qui atteignaient un million de tonnes de marchandises en 2018, principalement des émaux et des équipements liés à la céramique, avaient été brutalement interrompus. La délégation espagnole, conduite par Rubén Ibáñez, mise désormais sur la diversification des échanges, notamment vers le secteur agricole, où les besoins de modernisation algériens ouvrent de nouvelles perspectives.
Des défis persistants pour la normalisation
Malgré ces avancées, le chemin vers une normalisation complète reste semé d’obstacles. La décision algérienne d’interdire l’importation des produits finis en céramique et en marbre en janvier 2024 illustre la complexité de la reprise des échanges. Les volumes commerciaux actuels demeurent bien inférieurs aux niveaux d’avant-crise : les exportations espagnoles vers l’Algérie plafonnaient à 334 millions d’euros pour janvier-février 2022, soit le double des chiffres actuels. Cette situation reflète les séquelles durables de la crise diplomatique sur les relations économiques bilatérales, obligeant les acteurs économiques à repenser leurs stratégies et à explorer de nouveaux secteurs de coopération pour l’année 2025.
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