Le Nigeria, première économie d’Afrique, s’apprête à intensifier ses efforts pour développer le secteur agricole, pilier essentiel de son économie. Avec une contribution de 22 % au PIB et près de 38 % de la population active employée, l’agriculture figure au cœur des priorités du gouvernement, qui a annoncé une augmentation significative du budget alloué au secteur pour l’exercice 2025.
Dans le cadre de son projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement nigérian prévoit d’attribuer 132 milliards de nairas (85,6 millions de dollars) au Fonds national de développement agricole (NADF). Cette enveloppe représente une hausse de 30 % par rapport aux 102 milliards de nairas (66 millions de dollars) alloués en 2024.
Ce renforcement budgétaire s’inscrit dans une stratégie globale visant à améliorer la production agricole locale et à rendre le pays plus autosuffisant face aux défis alimentaires. Selon les prévisions, 96 % du budget du NADF, soit environ 127,2 milliards de nairas (82,3 millions de dollars), seront consacrés à un nouveau programme baptisé « Renewed Hope Fertilizer Support Program » (RH-FSP).
Le programme RH-FSP, bien que ses détails restent à dévoiler, devrait cibler une problématique clé de l’agriculture nigériane : l’accès insuffisant aux engrais. En 2022, le pays enregistrait un usage moyen de seulement 7,3 kg d’engrais par hectare de terres arables, un chiffre bien inférieur à la moyenne africaine de 18,2 kg et encore plus éloigné de l’objectif continental de 50 kg fixé lors de la Déclaration d’Abuja en 2006.
Cette initiative reflète la volonté du Nigeria de rattraper son retard et de stimuler une utilisation plus large des intrants agricoles essentiels, dans le but d’accroître les rendements des cultures et de réduire la dépendance aux importations alimentaires.
En parallèle, le NADF a prévu d’investir plus de 500 millions de nairas (323 447 dollars) dans un projet de recherche destiné à identifier les meilleures pratiques pour améliorer les rendements agricoles au niveau national. Ce volet scientifique vise à renforcer les bases techniques et opérationnelles du secteur, en soutenant des innovations adaptées aux spécificités locales.
Si l’augmentation du budget agricole est accueillie comme un signal positif par les acteurs du secteur, certains experts restent prudents quant à la gestion et l’utilisation des fonds. Des questions subsistent notamment sur l’efficacité des mécanismes de mise en œuvre et sur l’impact concret des projets annoncés sur le terrain.
Les précédentes initiatives similaires ont parfois souffert de problèmes de coordination, de mauvaise gouvernance et de détournements de fonds, réduisant leur portée réelle. Ainsi, pour garantir le succès de cette nouvelle stratégie, le gouvernement devra non seulement mobiliser les ressources financières nécessaires, mais aussi mettre en place un cadre de suivi rigoureux et transparent.
Le Nigeria, par ces investissements ambitieux, confirme sa volonté de donner une nouvelle impulsion à son agriculture et de transformer ce secteur en levier de croissance durable. La réussite de cette démarche pourrait non seulement améliorer la sécurité alimentaire du pays, mais aussi renforcer sa position comme puissance agricole régionale.
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