La guerre en Ukraine et les tensions grandissantes autour de Taiwan ont déclenché une vague massive de réarmement mondial depuis 2022. Les pays européens, longtemps réticents à investir massivement dans leur défense, ont radicalement changé de cap face aux menaces géopolitiques. L’Allemagne a débloqué 100 milliards d’euros pour moderniser son armée, tandis que la France et le Royaume-Uni ont augmenté leurs budgets militaires. Cette dynamique a mis en lumière l’état préoccupant des forces armées de certains pays européens, notamment la Belgique, qui fait face à une crise majeure de son parc de véhicules blindés.
Des failles techniques majeures dans l’armée belge
L’armée belge traverse actuellement une période critique avec la mise hors service de la quasi-totalité de ses véhicules blindés Piranha IIIC. Sur les 242 véhicules initialement acquis en 2006, seuls 127 restaient opérationnels avant la découverte récente de fissures sur leurs châssis. Ces défauts structurels, identifiés lors d’opérations de maintenance, ont contraint la Direction générale des ressources matérielles à suspendre leur utilisation pour la troisième fois en cinq ans. Le constructeur suisse Mowag travaille actuellement sur des réparations, mais aucune date de remise en service n’a été communiquée.
Un héritage politique controversé
Cette situation découle de décisions politiques contestées. L’achat des Piranha, orchestré par l’ancien ministre socialiste André Flahaut, comportait notamment l’acquisition de 18 véhicules équipés d’un canon de 90 mm, un calibre inhabituel pour l’OTAN. Malgré les avertissements des experts militaires sur le poids excessif de la tourelle fournie par l’entreprise wallonne John Cockerill, le projet a été maintenu. Les conséquences sont aujourd’hui flagrantes : ces blindés n’ont jamais pu tirer de munitions antichars, même dix ans après leur mise en service, et souffrent de problèmes mécaniques chroniques.
Une capacité opérationnelle compromise jusqu’en 2026
La Défense belge tente de minimiser l’impact de cette crise, affirmant que certains véhicules restent utilisables avec ou sans restrictions. Elle évoque la possibilité de déployer des Dingo, plus légers mais moins performants, pour les opérations extérieures. Cependant, cette solution temporaire ne résout pas le problème fondamental : l’absence de véhicules blindés équipés de canons opérationnels. Le remplacement des Piranha par des Griffon et des Jaguar français n’interviendra pas avant fin 2026, créant un « trou capacitaire » de deux ans. Cette situation préoccupe les parlementaires, notamment Theo Francken du parti nationaliste flamand, qui y voit un signal négatif envoyé à l’OTAN alors même que l’engagement de la Belgique à consacrer 2% de son PIB à la défense est déjà contesté.
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