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Interdiction de l’importation de volaille congelée : Une mesure non applicable de plus ? 

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À partir du 31 décembre 2024, le Bénin mettra un terme à l’importation d’œufs et de poulet congelé, avait annoncé le ministre de l’Élevage, Gaston Dossouhoui, en avril 2023. Le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a qualifié cette interdiction de « levier stratégique », précisant qu’elle pourrait permettre une augmentation de la production locale de 30 % dès 2025 et une réduction significative de la dépendance alimentaire d’ici à 2030. Il a insisté sur le fait que cette mesure va au-delà de l’économie, touchant également des enjeux sanitaires et stratégiques. Cette mesure, avait-il soutenu, vise à renforcer la production locale de volaille, qui souffre d’une concurrence déloyale et d’une dépendance excessive aux importations.

Pour pallier la faible production locale, estimée à seulement 20 000 tonnes par an, alors que la consommation nationale annuelle nécessite environ 1,5 million de tonnes, plusieurs mesures ont été envisagées. Les acteurs de la filière avicole prévoient des investissements massifs pour relancer les exploitations avicoles abandonnées et construire de nouvelles infrastructures. Des subventions ciblées pour réduire les coûts des poussins et des vaccins, ainsi qu’une promotion des circuits courts pour encourager l’achat de poulet local, sont aussi au programme. Léon Anago, président de l’Interprofession, a exprimé sa confiance en la capacité des acteurs locaux à répondre à la demande. « Dès 2025, les acteurs sont à même de produire déjà pour la consommation locale », a-t-il affirmé. Il a également souligné l’importance de la reconversion des importateurs en experts de la distribution, afin de tirer parti de leur expertise en conservation et distribution des produits.

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Défis liés à l’applicabilité de cette décision

Des défis majeurs subsistent. La flambée de la demande pourrait poser des problèmes d’approvisionnement en alimentation animale, essentielle à la production avicole. De plus, l’accès au financement pour les petits producteurs et la disponibilité d’abattoirs modernes représentent des obstacles à surmonter. Les experts prévoient également une tension sur les prix et une possible pénurie de viande de poulet dans les premiers mois suivant l’interdiction. Il convient de rappeler que le gouvernement avait antérieurement mis en œuvre plusieurs mesures d’interdiction dont l’application s’est révélée peu efficace. À titre d’exemple, on peut citer l’interdiction de la vente de sachets plastiques, l’interdiction de la pêche illégale, l’interdiction de l’exploitation illégale des forêts, ainsi que l’interdiction de la vente de médicaments non autorisés.

Bien que le gouvernement ait annoncé une interdiction de la vente et de l’utilisation de sachets plastiques, la mise en œuvre a été difficile, avec une large utilisation de ces produits dans le pays. Des mesures ont été prises pour interdire la pêche illégale et protéger les ressources halieutiques. Cependant, le manque de surveillance et de contrôle a permis à cette pratique de continuer. En dépit des efforts pour interdire l’exploitation illégale des ressources forestières, la déforestation continue en raison de l’insuffisance des moyens de contrôle et de la corruption. Aussi, le gouvernement a tenté d’interdire la vente de médicaments non autorisés et contrefaits, mais cette mesure a été difficile à appliquer en raison de la prolifération des marchés informels. Le gouvernement du Bénin est confronté à des défis majeurs en matière d’application des lois et des règlements, souvent en raison de problèmes de gouvernance, de ressources limitées et de la nécessité d’une sensibilisation accrue de la population. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)

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