Retour de Donald Trump : Une chance ou un risque pour l’Afrique ?

Photo : NASA/Bill Ingalls

Le magnat de l’immobilier, Donald Trump, est de retour sur le devant de la scène politique américaine, et l’Afrique pourrait avoir des raisons de s’inquiéter. Connu pour son style direct et son absence de conformité au politiquement correct, le 47e président des États-Unis a déjà commencé à poser les bases de sa politique internationale. Parmi les premières mesures controversées, on note la suspension pour 90 jours de l’aide américaine au développement.

Donald Trump a justifié cette suspension en affirmant que l’aide étrangère devait être alignée sur les intérêts stratégiques des États-Unis. « L’aide étrangère des États-Unis n’est pas alignée sur les intérêts américains et, dans de nombreux cas, est contraire aux valeurs américaines », a-t-il déclaré. Ce pragmatisme risque d’avoir des conséquences directes sur les pays africains qui dépendent de ces financements pour des projets de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté.

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En 2023, l’aide étrangère américaine atteignait 68 milliards de dollars, selon les données de l’USAID. Une part significative de ces fonds est dédiée à l’Afrique subsaharienne. Le gel temporaire annoncé par Trump pourrait déjà provoquer des perturbations dans les programmes humanitaires et de développement sur le continent.

L’AGOA en question

L’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui facilite les exportations africaines vers les États-Unis, reste également incertain. Lors de son précédent mandat, Trump avait montré peu d’enthousiasme pour les accords multilatéraux. Bien que l’AGOA ait permis à des pays comme le Kenya, le Ghana et l’Afrique du Sud de bénéficier de l’accès au marché américain, une renégociation ou un retrait pourrait compromettre ces gains.

Mukhisa Kituyi, ancien Secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), estime que les États-Unis pourraient vouloir durcir les règles d’origine des produits exportés sous l’AGOA. Cela rendrait plus difficile pour les entreprises africaines d’utiliser des intrants asiatiques pour produire des biens destinés au marché américain.

Un impact économique limité mais significatif

Pourtant, l’impact de l’AGOA reste modeste à l’échelle nationale, selon certains analystes. « On ne parle même pas de 1 % de l’économie sud-africaine », affirme l’économiste Dawie Roodt. Mais dans un contexte de croissance économique atone, toute perte compte. « Trump et ses politiques économiques sont imprévisibles, volatiles et erratiques. On ne sait pas jusqu’où il ira », avertit Ronak Gopaldas, du cabinet Signal Risk dans un article publié par le journal français Le Monde.

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Une stratégie africaine à réinventer

Face à cette incertitude, l’Afrique pourrait tirer parti de l’opportunité pour repenser ses relations avec les États-Unis et diversifier ses partenariats. Si l’aide au développement se réduit et que les accords commerciaux deviennent plus restrictifs, les pays africains devront renforcer leur coopération régionale et miser sur l’industrialisation locale. En fin de compte, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est synonyme de défis pour l’Afrique, mais également d’une chance de redéfinir les relations bilatérales sur des bases plus équitables. Toutefois, pour réussir, les dirigeants africains devront faire preuve de pragmatisme et d’anticipation face à une politique étrangère américaine imprévisible.

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