La Constitution américaine, à travers son 22e amendement ratifié en 1951, fixe une limite claire : nul ne peut occuper la présidence plus de deux fois. Cette restriction, mise en place après les quatre mandats consécutifs de Franklin Roosevelt pendant la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, visait à empêcher l’émergence d’une présidence trop longue. Depuis lors, cette règle fondamentale structure la vie politique américaine, obligeant chaque président à quitter définitivement le pouvoir après deux mandats, consécutifs ou non.
Une proposition constitutionnelle inattendue
Le représentant républicain du Tennessee, Andy Ogles, bouscule ce principe établi en proposant une modification constitutionnelle autorisant un troisième mandat présidentiel. Sa démarche, directement liée au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, repose sur une conviction : Trump représenterait une figure exceptionnelle, capable de « restaurer la grandeur de l’Amérique ». Cette initiative constitutionnelle précise qu’une personne pourrait être élue trois fois à la présidence, à condition que ses deux premiers mandats n’aient pas été consécutifs – une disposition taillée sur mesure pour l’actuel président.
Les obstacles et alternatives à un troisième mandat
Le chemin vers l’adoption de cet amendement apparaît particulièrement ardu. La procédure exige une double majorité qualifiée : deux tiers des voix au Congrès, puis une ratification par 38 États sur 50. La fragile majorité républicaine rend cette perspective peu probable, d’autant que les démocrates s’opposeraient massivement à une telle réforme. Néanmoins, d’autres options juridiques émergent. Philip Klinkner, professeur au Hamilton College, évoque une stratégie alternative : Trump pourrait théoriquement devenir vice-président après 2029, puis accéder à la présidence en cas de démission du président élu. Cette hypothèse rappelle la tactique employée par Vladimir Poutine en Russie entre 2008 et 2012, lorsqu’il occupa le poste de Premier ministre tout en conservant les rênes du pouvoir.
Les implications démocratiques
Cette tentative de modification constitutionnelle soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs aux États-Unis. Le 22e amendement, créé pour éviter une concentration excessive du pouvoir présidentiel, pourrait être contourné par des mécanismes constitutionnels complexes. Trump lui-même alimente les spéculations, évoquant régulièrement la possibilité d’un dépassement de la limite des deux mandats. Sa déclaration devant la National Rifle Association – « Je ne sais pas si nous allons être considérés comme ayant trois ou deux mandats » – témoigne d’une volonté de repousser les limites constitutionnelles établies. Le débat autour de cette proposition révèle les tensions entre la tradition constitutionnelle américaine et les ambitions politiques contemporaines, questionnant les garde-fous démocratiques mis en place il y a plus de soixante-dix ans.
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