Au cœur du Panthéon vodoun du Bénin, riche de centaines de divinités, Dan, le dieu-serpent, occupe une place particulière. Représentant la richesse, la prospérité et l’équilibre, Dan est vénéré comme un symbole de protection et de succès matériel. Cette divinité, intimement liée à la cosmogonie et aux valeurs culturelles du Bénin, est célébrée à travers des rituels et des pratiques qui traversent les âges.
Dans la mythologie vodoun, Dan est souvent décrit comme un immense serpent arc-en-ciel qui soutient le monde et garantit son équilibre. Il est aussi associé à l’énergie vitale, à l’argent et à la richesse matérielle. En effet, selon la tradition, Dan est celui qui contrôle les flux économiques et les opportunités de richesse. Les adeptes croient qu’il peut ouvrir les portes de l’abondance à ceux qui le servent avec foi et dévotion.
Ce qu’il faut savoir de vodoun Dan
Selon une étude du Pr Laurent Codjo Zèpka, le Vodoun Dan était appelé autrefois Aidowhèdo ou arc-en-ciel. C’est aussi la danse de la fertilité et qui incarne le dieu de la richesse et de la fécondité. Cette danse est exécutée dans le sud et le centre du Bénin par les peuples Mahi et Fon en hommage à la divinité du serpent, Dan.
Dan symbolise les eaux, les montagnes, les arbres, le vent, l’air. Il est imploré pour demander la paix, la fertilité et la fécondité. Selon la mythologie du groupe ethnique Fon du Bénin, c’est le serpent qui a divisé l’univers en deux parties égales et relié le ciel à la terre. C’est l’allié fidèle de la divinité Hèviosso (dieu du ciel et de la pluie), qu’il aide dans ses déplacements du ciel à la terre pour le châtiment des pécheurs impénitents et des esprits perfides.
Dan se manifeste à travers un arc-en-ciel. Il peut aussi se présenter sous forme d’un homme et combler de richesses ceux qui l’accueillent bien. Dan a assisté à la création et soutient l’univers. Son culte est surtout répandu dans le sud du Bénin, où l’on trouve de nombreux temples aux serpents. C’est la divinité de la prospérité et du bien-être. Elle est beaucoup plus connue pour ses dons de biens matériels, mais attaque aussi les personnes ayant violé ses principes en leur infligeant diverses sortes d’épreuves indésirables.
Le vodoun Dan existe sous plusieurs espèces qui sont : Tohossou, Todan, Aguédjidan, Attindan… Nos cours d’eau et le vent qui souffle sont aussi d’autres formes du vodoun Dan. Les rituels qui sont faits dépendent de laquelle de ces divinités réside dans un espace précis ou en un individu. Les adeptes utilisent différentes feuilles, n’utilisent pas la même couleur de pagne, ne mangent pas les mêmes choses. Par exemple, le Dan-Lissa est encore plus exigeant que les autres. Les adeptes ne mangent pas du sel, ses rituels exigent carrément d’autres choses qu’il faut faire. Ils sont tous vodoun Dan, mais ont leurs interdits, la manière d’effectuer leurs rituels, la manière de les ériger chez soi est encore différente.
Pour Sètondji Ado Adanklounon, dignitaire du culte vodoun dans le département de l’Ouémé, « Dan est du côté de l’air, l’un des éléments qui gouverne le monde. Le vodoun Dan donne la richesse. On ne devient pas dansi. On naît dansi. C’est depuis la naissance qu’on voit des signes sur une personne et on consulte maintenant le Fâ pour voir quelle catégorie de Dan dirige la vie de cette personne. Par ailleurs tous ceux qui sont sous la protection de vodoun Dan, qui sont nés avec sa marque et qui ne font pas les rituels se détruisent, ils n’ont pas le bonheur et l’abondance dans leur vie, car le vodoun Dan qui est l’entité suprême de la richesse, pouvait les combler de tout, mais pas avant que ces derniers ne le reconnaissent et ne fassent les rituels qu’il recommande. Ceux qui l’ont compris très tôt et se sont conformés à ses prescriptions sont des individus généralement nantis, qui ne manquent de rien, qui ne souffrent de rien ».
Un culte vivant et influent
Le culte de Dan est pratiqué principalement dans le sud du Bénin. Les temples dédiés à cette divinité sont ornés de représentations de serpents, et des offrandes y sont régulièrement déposées pour invoquer la protection de Dan. Ces offrandes, souvent composées de maïs, de noix de palme ou d’argent, de biscuit, bonbons et des fruits, symbolisent la gratitude et le souhait de prospérité.
Les cérémonies en l’honneur de Dan sont rythmées par des danses, des chants et des tambours sacrés. Les prêtres et prêtresses, intermédiaires entre les fidèles et la divinité, jouent un rôle essentiel dans ces rituels. Ils interprètent les messages de Dan et guident les fidèles dans leurs démarches spirituelles.
Au-delà de son rôle spirituel, Dan influence également la vie économique et sociale des Béninois. Il est courant de voir des entrepreneurs, commerçants et artisans solliciter ses bénédictions avant de se lancer dans une nouvelle activité ou d’investir dans un projet. Pour beaucoup, la réussite financière est perçue comme une manifestation tangible de la faveur de Dan.
Un patrimoine à préserver
Le culte de Dan, comme l’ensemble des pratiques vodoun, constitue un héritage culturel précieux pour le Bénin. Il incarne non seulement la spiritualité, mais aussi la résilience d’un peuple qui valorise ses traditions ancestrales. À travers les générations, le serpent cosmique continue d’enrouler son corps mystique autour de l’âme béninoise, offrant richesse, protection et équilibre.
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