2nd mandat de Trump : le retour de la loi du plus fort, quel risque pour l’Afrique ?

Donald Trump ( Photo : AP)

Depuis son second mandat, Donald Trump a fait renaître un discours expansionniste, évoquant la réappropriation d’infrastructures stratégiques comme le canal de Panama, l’annexion économique du Canada ou encore l’acquisition coercitive du Groenland. Si ces revendications se concentrent sur l’hémisphère nord, elles posent également une question cruciale pour l’Afrique, un continent dont de nombreuses infrastructures ont été construites durant l’ère coloniale par la France et le Royaume‑Uni.

Des infrastructures coloniales toujours au cœur du développement

Pendant la période coloniale, les puissances européennes ont bâti en Afrique des réseaux de ports, de chemins de fer, de routes et de systèmes logistiques destinés à extraire les ressources et faciliter l’exportation des produits vers la métropole. Ainsi, des ports majeurs – comme ceux de Dakar, d’Abidjan ou de Douala – et des réseaux ferroviaires construits par la France et le Royaume‑Uni restent aujourd’hui essentiels pour le commerce et le développement économique de nombreux États africains. Ces infrastructures, héritées d’un passé souvent douloureux, représentent néanmoins des leviers de croissance, en dépit des débats sur leur légitimité historique.

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Le risque d’une normalisation d’un discours de force

Le style de politique étrangère de Trump, qui revendique le droit d’imposer la force – que ce soit par des pressions économiques (tarifs de 25 % imposés sur certains partenaires) ou par l’usage potentiel de moyens coercitifs – alimente la crainte d’un glissement vers une « loi du plus fort ». Cette logique, si elle venait à se normaliser, pourrait inciter certains acteurs européens ou même des anciens colonisateurs à réexaminer le contrôle ou la gestion de ces infrastructures historiques en Afrique. Par exemple, si une puissance décidait de s’appuyer sur des menaces tarifaires ou sur des pressions politiques pour « récupérer » des sites stratégiques, cela remettrait en cause les principes de souveraineté et de non-ingérence qui régissent le droit international. La récente sanction contre la Cour pénale internationale et le retrait de l’Organisation mondiale de la santé par l’administration Trump illustrent d’ailleurs comment la remise en cause d’institutions garantissant l’égalité et le respect du droit international peut ouvrir la voie à des pratiques unilatérales.

Les implications pour l’Afrique

Si les discours expansionnistes à la manière de Trump venaient à s’imposer comme norme, ils pourraient théoriquement inspirer des revendications similaires dans d’autres régions. En Afrique, un tel climat pourrait conduire à des tensions sur le contrôle de ces infrastructures coloniales, remettant en cause le régime post-colonial établi.

Les ports et les chemins de fer : Des infrastructures construites il y a plus d’un siècle par la France ou le Royaume‑Uni sont toujours le pilier du commerce international pour de nombreux pays africains. Une rhétorique qui légitime le recours à la force ou aux pressions économiques pour « récupérer » des actifs stratégiques pourrait, dans une logique perverse, encourager des revendications sur ces mêmes infrastructures.

Les droits de douane et la coercition économique : Trump a déjà démontré sa volonté d’utiliser des menaces tarifaires pour obtenir ce qu’il juge être des avantages économiques. Si de telles pratiques étaient banalisées, elles pourraient être utilisées par d’autres acteurs pour imposer leurs conditions sur des infrastructures héritées du passé colonial, exacerbant ainsi des tensions historiques et compromettant la stabilité régionale.

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Une remise en cause du droit international

Les initiatives unilatérales, telles que la sanction contre la Cour pénale internationale et le retrait de l’OMS, illustrent une volonté de contourner les règles du droit international qui ont longtemps assuré un certain équilibre entre les nations. Pour l’Afrique, où les États ont acquis leur indépendance en réclamant le droit à disposer de leurs ressources et infrastructures, l’émergence d’un tel discours de force serait non seulement un risque d’ingérence, mais aussi une menace à l’ordre post-colonial. Cela pourrait ouvrir la porte à des pressions extérieures visant à redéfinir les frontières de l’influence économique et politique, au détriment de la souveraineté des États africains.

Alors que le second mandat de Donald Trump ravive un discours fondé sur la force et la coercition, les implications pour l’Afrique sont multiples. Au-delà de ses revendications sur le canal de Panama, le Canada ou le Groenland, ce style de politique étrangère risque de normaliser l’usage de pressions économiques et de menaces tarifaires pour redéfinir des acquis historiques. Dans un contexte où des infrastructures coloniales – ports, chemins de fer et réseaux logistiques – restent vitales pour le développement de nombreux pays africains, il apparaît essentiel que le droit international et la coopération multilatérale soient préservés pour garantir la souveraineté et l’égalité entre nations. La vigilance reste donc de mise pour éviter qu’un tel modèle ne s’impose et n’entraîne de nouvelles tensions dans un monde déjà marqué par des héritages complexes.

Une réponse

  1. Avatar de The Atlantean
    The Atlantean

    En toute sincérité, l’Afrique ne devrait pas espérer grand chose de Trump. Car ce dernier l’avait traitée de « Shit hole » durant Trump version 1.0.

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