La rupture entre Paris et ses anciennes colonies s’accélère depuis 2020. Le Mali a d’abord exigé le départ des forces françaises en 2022, suivi par le Burkina Faso et le Niger en 2023, puis le Tchad début 2024. Ces départs successifs reflètent une profonde remise en question de l’influence militaire française dans la région du Sahel, où les populations et les nouveaux dirigeants dénoncent une présence perçue comme le prolongement d’une politique néocoloniale. Les gouvernements de ces pays ont progressivement réorienté leurs alliances vers d’autres partenaires internationaux.
Une transformation radicale de la coopération militaire
Le Sénégal, qui héberge environ 200 militaires français et leurs familles, prépare désormais leur départ. Le président Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en 2024, a annoncé le 31 décembre dernier la fin de toute présence militaire étrangère sur le sol sénégalais d’ici fin 2025. Cette décision marque un tournant majeur pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, historiquement proche de la France. Les bases tricolores, concentrées principalement à Dakar et sa périphérie, devraient être transférées aux forces sénégalaises vers la fin de l’été 2025.
Une nouvelle approche stratégique bilatérale
Les Éléments français au Sénégal (EFS), créés en 2011, assuraient jusqu’à présent des missions de formation auprès des armées régionales. Le ministère français des Armées envisage désormais un dispositif plus souple, géré depuis la France. Cette réorganisation fait suite aux recommandations de Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron, qui préconise une redéfinition complète du partenariat militaire franco-sénégalais.
Des relations en pleine mutation
Le président Faye a chargé son ministre des Forces armées d’élaborer une nouvelle doctrine de défense et de sécurité. Cette initiative vise à diversifier les partenariats du Sénégal, tout en maintenant des liens avec la France sous une forme renouvelée. Les discussions entre les deux pays se poursuivent, comme en témoigne la visite à Dakar du général Pascal Ianni, responsable du nouveau commandement français pour l’Afrique. Les autorités des deux pays soulignent qu’il ne s’agit pas d’une rupture totale mais d’une réorientation stratégique, reflétant l’évolution des relations franco-africaines au XXIe siècle.
Laisser un commentaire