Mines en Afrique: le Niger lance l’exploitation d’une nouvelle ressource

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Pays du Sahel riche en matières premières, le Niger possède un sous-sol exceptionnellement doté en uranium, avec des réserves évaluées à plus de 445 000 tonnes qui représentent approximativement 5% des ressources mondiales identifiées. Cette richesse naturelle a façonné l’économie nationale depuis plusieurs décennies, particulièrement dans la région septentrionale d’Arlit où se concentre l’extraction. Malgré les variations importantes des cours mondiaux et les défis de gouvernance, l’uranium a longtemps constitué l’un des principaux leviers économiques du pays, faisant du Niger un fournisseur stratégique pour de nombreuses centrales nucléaires à travers le monde.

Le cuivre, nouveau chapitre de l’aventure minière nigérienne

Le paysage minier nigérien s’apprête à connaître une transformation notable avec le démarrage prochain de l’extraction industrielle du cuivre dans les zones désertiques du nord. Cette avancée permettra au pays d’intégrer le groupe restreint des nations productrices de ce métal fondamental pour l’industrie contemporaine. Les autorités nigériennes ont attribué une autorisation d’exploitation à la Compagnie minière de l’Aïr (Cominair SA), entreprise de droit local, qui opérera dans les localités de Tabelot et Dabaga au cœur de la région d’Agadez.

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Les explorations géologiques ont identifié des réserves prometteuses, permettant d’anticiper un rendement annuel de 2 700 tonnes sur une décennie complète. Ce nouvel axe de développement minier devrait non seulement enrichir le portefeuille d’exportations du pays mais également créer 300 postes directs et générer des revenus fiscaux estimés à 4 milliards de francs CFA (environ 6 millions d’euros) pour le Trésor public. À l’heure où la demande mondiale de cuivre s’intensifie, portée par l’essor des énergies renouvelables et la numérisation accélérée de l’économie, le Niger se positionne stratégiquement sur un marché d’avenir.

Émergence d’un modèle extractif renouvelé

La multiplication des filières d’exploitation minière au Niger survient dans un environnement marqué par l’évolution des paradigmes de gouvernance des ressources naturelles sur le continent africain. La récente déclaration du ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, annonçant que son pays n’adhérera plus à aucun contrat minier incluant des clauses d’arbitrage international, démontre une détermination à localiser les mécanismes de résolution des différends. Cette approche s’inscrit dans un mouvement continental de renforcement du contrôle national sur les richesses du sous-sol.

L’intégration du cuivre dans la palette productive nigérienne, qui comprend déjà l’uranium, les hydrocarbures et l’or, pourrait reconfigurer profondément la structure économique du pays. Dans cette nation où quatre habitants sur dix vivent dans la précarité, la multiplication des sources de revenus représente un impératif de développement. Néanmoins, de nombreux obstacles persistent : fragilité institutionnelle, menaces sécuritaires dans la bande sahélienne, sensibilité aux fluctuations des marchés internationaux des matières premières et nécessité d’améliorer les mécanismes de redistribution des revenus miniers.

Le succès de cette stratégie de diversification dépendra essentiellement de la capacité du Niger à développer une expertise locale solide, à mobiliser les investissements nécessaires pour les infrastructures extractives et logistiques, et à établir un encadrement juridique garantissant une répartition équilibrée des bénéfices économiques. Les années à venir révéleront si cette nouvelle trajectoire permettra au pays de transformer durablement son patrimoine géologique en progrès sociaux et économiques tangibles pour l’ensemble de sa population.

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