Les relations franco-algériennes traversent une période particulièrement houleuse, marquée par une succession de crises diplomatiques et de désaccords profonds. La méfiance mutuelle, enracinée dans l’histoire coloniale et post-coloniale, s’est considérablement intensifiée ces derniers mois avec plusieurs incidents majeurs : le refus algérien de réadmettre ses ressortissants visés par des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), l’affaire de l’écrivain Boualem Sansal, et les provocations de certains influenceurs franco-algériens sur les réseaux sociaux.
Le 14 mars dernier, une nouvelle escalade s’est produite lorsque Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a transmis aux autorités algériennes une liste de 60 ressortissants considérés comme « dangereux » et devant être expulsés rapidement. Paris a clairement indiqué qu’une « riposte graduée » serait mise en œuvre si Alger continuait de refuser ces réadmissions.
Des avantages immobiliers contestés
Au cœur des nouvelles accusations algériennes figure la question des biens immobiliers. Selon l’agence APS, la France bénéficierait de conditions exceptionnellement favorables pour 61 propriétés louées en Algérie. Le cas emblématique cité est celui de la résidence des Oliviers, demeure officielle de l’ambassadeur français, qui aurait été louée « au franc symbolique » avec un montant de bail resté inchangé de 1962 jusqu’en août 2023. Cette situation immobilière privilégiée est désormais pointée du doigt comme un symbole des déséquilibres persistants dans les relations bilatérales.
Des accords économiques jugés inéquitables
Les critiques algériennes ciblent également les accords économiques de 1968 et de 2004. Le premier aurait octroyé à la France « des avantages considérables » sur le territoire algérien. Quant au second, il est décrit comme ayant principalement servi les intérêts des entreprises françaises, leur permettant d’opérer dans des conditions très avantageuses en Algérie, tout en limitant les possibilités d’implantation des sociétés algériennes en France. Cette asymétrie économique alimente le sentiment d’injustice et renforce la perception d’un rapport de force défavorable à Alger.
Ces tensions économiques et immobilières s’ajoutent donc aux frictions diplomatiques récentes, compliquant davantage les efforts de normalisation entre les deux pays. Le dossier des biens immobiliers et des accords commerciaux semble désormais s’inviter au cœur d’une crise déjà multiforme, où mémoire historique et enjeux contemporains s’entremêlent.
Laisser un commentaire