La protection douanière représente un levier stratégique pour les économies en développement cherchant à renforcer leur tissu industriel. En limitant l’afflux de produits étrangers finis, les pays peuvent stimuler leurs industries naissantes, générer des emplois locaux et favoriser l’acquisition de compétences techniques avancées. Cette approche protectionniste ciblée permet également de valoriser les ressources naturelles domestiques et d’encourager leur transformation sur place, ajoutant ainsi de la valeur à la chaîne de production nationale tout en réduisant la dépendance aux importations.
L’Algérie a franchi un pas décisif dans cette direction avec l’annonce dimanche 9 mars par le président Abdelmadjid Tebboune de la fin des importations de marbre prêt à l’emploi. Cette mesure, officialisée lors du dernier Conseil des ministres, autorise temporairement l’importation de blocs bruts jusqu’à fin juillet, mais interdit désormais l’entrée de plaques de marbre finies sur le territoire algérien.
Un potentiel national inexploité
Les richesses géologiques algériennes recèlent d’importants gisements de marbre qui demeurent largement sous-exploités. D’après les analyses sectorielles, ces ressources naturelles pourraient hisser le pays au rang des producteurs majeurs sur la scène internationale. Toutefois, l’afflux massif de produits semi-transformés ou finis sur le marché national a longtemps découragé les investissements dans l’extraction et la transformation locale.
Les industriels du secteur accueillent favorablement cette interdiction, y voyant une opportunité pour moderniser leurs équipements et créer de nouveaux postes. Cette restriction commerciale devrait catalyser le développement des carrières nationales et des unités de transformation, jusqu’ici freinées par la concurrence étrangère.
Vers une filière marbre restructurée
Les autorités algériennes ne se contentent pas de mesures restrictives. Elles prévoient également de réorganiser l’ensemble de la filière marbre en favorisant des partenariats stratégiques avec des acteurs internationaux reconnus pour leur expertise. Cette collaboration vise à rehausser les standards qualitatifs et optimiser le rendement des exploitations locales.
Le manque de main-d’œuvre qualifiée constitue un autre défi que le gouvernement entend relever. Des spécialistes recommandent l’intégration de formations spécifiques à la transformation du marbre dans les instituts de formation professionnelle des zones productrices. Cette initiative pédagogique renforcerait les compétences techniques disponibles et améliorerait la compétitivité de l’industrie algérienne du marbre face aux standards internationaux.
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