L’écosystème des paiements numériques connaît une transformation radicale à travers le continent africain. Le mobile money a révolutionné les transactions financières dans de nombreux pays africains, permettant à des populations jusque-là exclues du système bancaire traditionnel d’accéder à des services financiers essentiels. Des solutions comme M-Pesa au Kenya, Orange Money dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ou Wave au Sénégal ont enregistré des taux d’adoption spectaculaires, transformant profondément les habitudes de consommation. Cependant, l’Algérie présente un profil atypique dans ce paysage dynamique, avec une adoption plus lente des solutions de paiement électronique malgré une infrastructure technologique relativement développée.
Le cash toujours roi malgré les alternatives numériques
Les analyses du GIE Monétique révèlent une transition graduelle des comportements financiers en Algérie. Les détenteurs de cartes bancaires commencent à délaisser partiellement les retraits d’espèces au profit de méthodes dématérialisées. L’extension du maillage des points d’acceptation pourrait catalyser cette mutation.
Néanmoins, le liquide conserve sa suprématie incontestée. Les distributeurs automatiques ont été sollicités près de 200 millions de fois en 2024, dépassant de plus de 20 millions le volume de l’année antérieure, avec des retraits cumulés avoisinant les 45 milliards de dinars. La comparaison entre transactions électroniques et retraits d’argent liquide reste éloquente : le coefficient n’a progressé que d’un dixième à deux dixièmes entre 2023 et 2024, illustrant le chemin considérable restant à parcourir pour ancrer les pratiques numériques dans le quotidien des consommateurs.
Des lueurs d’espoir dans le paysage numérique
Malgré ce décalage, certains signaux témoignent d’un dynamisme croissant. Les transactions dématérialisées ont pratiquement doublé leur valeur en un an, atteignant presque 650 milliards de dinars. L’e-commerce a franchi la barre symbolique des 50 milliards de dinars, avec une croissance dépassant les trois cinquièmes du volume précédent.
Le téléphone portable s’impose progressivement comme un outil incontournable. Les achats mobiles auprès des e-commerçants ont augmenté de moitié en fréquence, avec près de 60 millions d’opérations enregistrées, tandis que leur valeur cumulée approche les 45 milliards de dinars. Les terminaux physiques chez les commerçants ont également gagné du terrain, avec des ventes en hausse de deux cinquièmes.
C’est toutefois dans les échanges interpersonnels que la révolution numérique algérienne trouve sa plus forte expression. Les transferts d’argent entre particuliers ont plus que doublé, tant en nombre qu’en valeur. Environ 35 millions de transactions ont été effectuées, mobilisant plus d’un demi-trillion de dinars, principalement via les plateformes nationales BaridMob et Wimpay.
Ces tendances prometteuses soulignent le potentiel inexploité du marché algérien, qui avance à son propre rythme vers la dématérialisation financière qui caractérise la révolution numérique africaine.
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