Depuis le 1er février dernier, après la visite de l’ancien Président Boni Yayi à son domicile pour la présentation des vœux du nouvel an, l’ancien Président de l’Assemblée nationale du Bénin, Me Adrien Houngbédji, multiplie les critiques à l’encontre du régime de la Rupture. Ces prises de position, souvent acerbes, ont suscité des réactions au sein de la classe politique béninoise. Certains y voient le signe d’un malaise grandissant au sein du camp présidentiel, voire le prélude à une rupture définitive. Jusqu’à présent allié du président Talon, Me Adrien Houngbédji qui a longtemps soutenu les réformes entreprises par le régime de la Rupture n’est plus tout à fait d’accord avec le mode de gouvernance. Depuis début 2025 en effet, il a amorcé un virage politique en critiquant ouvertement la gouvernance actuelle. Lors de la présentation de ses vœux du nouvel an aux militants du Parti du Renouveau Démocratique (Prd), il a appelé à la réconciliation nationale, à la libération des prisonniers politiques et au retour des exilés, soulignant la nécessité d’une approche inclusive pour garantir la stabilité du pays. Quelques jours plus tard, l’homme reviendra encore à la charge à l’occasion d’une sortie médiatique pour demander la mise en œuvre d’une démocratie inclusive. Et comme pour rester fidèle à sa nouvelle logique, Adrien Houngbédji a encore saisi l’occasion du sommet de la jeunesse béninoise, pour demander une relecture du code électoral qu’il juge exclusif, la libération des prisonniers politiques, le retour au pays des exilés et la possibilité pour tous les Béninois désireux de se présenter aux prochaines élections sans aucune contrainte. Ce changement de position a été perçu par certains observateurs comme une remise en cause des fondements du régime de la Rupture. Pourtant, Me Houngbédji avait été un fervent défenseur de ces réformes, les ayant même portées et votées lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale. Ce retournement suscite des interrogations sur ses motivations réelles.
La preuve d’un malaise dans le camp Talon
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette évolution de la position de Me Adrien Houngbédji. Pour certains, les critiques de Me Houngbédji pourraient être motivées par des divergences internes au sein de l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R), la coalition politique qui regroupe le PRD de Me Houngbédji et d’autres formations. Des tensions sont apparues concernant la répartition des responsabilités et la prise en compte des anciens membres du PRD dans la structuration du parti. Mais au delà, si l’homme qui a lu le discours dans lequel figure ce paragraphe “l’Etat que vous avez hérité était un Etat saccagé, fragilisé, fragmenté, banalisé, descendu de son piédestal et dans lequel tout ou presque devrait être reformé”, en arrive à déplorer aujourd’hui le mode de gouvernance, on est bien tenté de dire qu’il y a malaise. Et le malaise est d’autant plus flagrant lorsqu’on regarde dans le rétroviseur pour observer Adrien Houngbédji entrain de couper la parole aux députés Guy Mitokpè et Jean-Marie Allagbé lors d’une session plénière à l’Assemblée nationale parce qu’ils critiquaient la gouvernance de Patrice Talon. On se demande bien ce qui s’est passé entre-temps. Mais on se demande aussi si le cas Adrien Houngbédji n’est pas juste la partie immergée de l’iceberg. Qui seront les prochains mécontents qui s’afficheront ?, s’interrogent certains analystes. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp du journal La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
La suite de cet article est réservé aux abonnés: Connectez-vous si vous avez déjà un abonnement ou abonnez-vous ici
Laisser un commentaire