La Commission européenne a récemment publié une liste de sept pays considérés comme « sûrs » dans le cadre de sa politique d’asile. Le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Égypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie ont été officiellement désignés comme des États dont les ressortissants ne seraient a priori pas éligibles à une protection internationale en Europe.
Cette classification s’inscrit dans la préparation du « Pacte asile » européen, qui vise à établir un filtrage accéléré des migrants aux frontières de l’UE, avec des procédures simplifiées et une présomption initiale défavorable pour les demandeurs originaires de ces pays.
Malgré cette catégorisation, la Commission assure que chaque demande continuera à faire l’objet d’une évaluation individuelle, conformément à la Convention de Genève. Un critère statistique semble avoir guidé ces choix : les pays retenus présentent tous des taux de reconnaissance d’asile particulièrement bas, généralement inférieurs à 5%, signifiant que leurs ressortissants obtiennent rarement le statut de réfugié au sein de l’Union européenne.
L’Algérie, absente notable de la classification européenne
Dans ce paysage maghrébin reconfiguré, l’exclusion de l’Algérie de cette liste révèle une évaluation distincte de sa situation intérieure comparativement à celle de ses voisins. Cette décision reposerait, selon un haut fonctionnaire européen, sur des données statistiques « objectives« .
Pour figurer sur cette liste, un pays doit présenter un taux de reconnaissance des demandes d’asile inférieur à 20%, et les informations disponibles indiquent que l’Algérie dépasse ce seuil réglementaire, avec un taux supérieur à 5% d’obtention de protection internationale pour ses ressortissants.
Cette exclusion intervient dans un contexte marqué par plusieurs affaires emblématiques ayant retenu l’attention internationale, notamment le cas d’Ihsane El Kadi, condamné à sept ans de prison en 2023 pour des motifs liés à son travail de journaliste, l’existence de détenus d’opinion, principalement des militants du Hirak, et plus récemment l’affaire Sansal.
Une proposition encore en discussion
Avant qu’elle ne devienne définitive, cette proposition de la Commission doit encore être approuvée par le Parlement européen et les États membres pour entrer en vigueur. En Tunisie notamment, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a récemment exprimé des préoccupations concernant les pressions exercées sur les voix dissidentes, sans que cela n’affecte son inclusion dans la liste européenne.
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