La fin du programme de résidence par investissement marque un tournant pour les relations migratoires et économiques entre l’Espagne et le Maroc. C’est une décision qui risque de provoquer un petit séisme dans les cercles d’affaires marocains. En effet, l’Espagne a officiellement mis fin à son programme de “Golden Visa”, une formule prisée par les étrangers souhaitant s’installer en Europe grâce à leur patrimoine financier.
Cette suspension, confirmée par la presse espagnole, vise principalement à limiter la spéculation immobilière dans les grandes villes du pays. Mais ses conséquences vont bien au-delà. Les marocains étaient parmi les principaux bénéficiaires de ce mécanisme qui leur permettait, en échange d’un investissement minimum de 500 000 euros dans l’immobilier, d’obtenir un droit de résidence en Espagne. Mis en place pour attirer des capitaux étrangers après la crise économique de 2008, le “Golden Visa” offrait à ses titulaires une résidence valable deux ans, renouvelable par périodes de cinq ans, à condition que l’investissement soit maintenu.
Pour de nombreux marocains fortunés, entrepreneurs ou membres de la diaspora, cette formule représentait un accès discret, mais légal à l’espace Schengen, tout en diversifiant leur patrimoine. Les grandes métropoles espagnoles comme Madrid, Barcelone ou Malaga ont vu fleurir, ces dernières années, des quartiers entiers investis par une clientèle marocaine au fort pouvoir d’achat. Mais cette manne financière a fini par devenir problématique pour les autorités locales. Les critiques se sont multipliées, dénonçant la « gentrification » accélérée des centres urbains, l’exclusion des classes moyennes espagnoles du marché immobilier et l’absence d’impact économique réel de ces visas.
En suspendant ce programme, le gouvernement espagnol souhaite se recentrer sur les besoins des résidents permanents du pays. Du côté marocain, cette mesure soulève des inquiétudes. Pour certains investisseurs, le Golden Visa offrait une stabilité juridique et un environnement économique rassurant, à proximité immédiate du royaume. Pour d’autres, notamment les jeunes diplômés fortunés ou les chefs d’entreprises en expansion, c’était aussi une passerelle vers l’Europe, sans passer par les circuits migratoires classiques.
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