Rivalités au Maghreb : la CAF met la pression sur ce pays

Depuis des décennies, les relations entre l’Algérie et le Maroc oscillent entre tensions diplomatiques et rivalités régionales. L’enjeu du Sahara occidental, les accusations d’ingérences et la fermeture persistante des frontières terrestres depuis les années 1990 ont nourri un climat de défiance réciproque. La rupture officielle des relations en 2021 a marqué un tournant, accentuant une fracture déjà profonde. Aujourd’hui, c’est le football africain qui devient le théâtre de ce désaccord, avec un nouvel épisode qui risque de tendre davantage les relations entre les deux voisins du Maghreb. La Confédération africaine de football (CAF) a récemment conclu un partenariat exclusif avec Royal Air Maroc, conférant à la compagnie marocaine le rôle de transporteur officiel pour toutes les compétitions africaines organisées sous son égide. Ce choix stratégique implique une condition essentielle : permettre à la RAM de desservir tous les pays membres du continent, ce qui suppose notamment l’ouverture des espaces aériens.

Un choix logistique qui devient une décision politique

Pour l’Algérie, cette décision crée une impasse. Son espace aérien reste fermé au Maroc depuis près de trois ans. Maintenir cette fermeture reviendrait à contrevenir aux engagements collectifs attendus par la CAF, avec à la clé une possible exclusion des compétitions ou un gel des avantages liés aux droits de diffusion et d’organisation. Autrement dit, le refus d’autoriser les vols marocains pourrait priver les sélections algériennes de participation, mais aussi réduire la visibilité du pays sur la scène sportive africaine.

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Cette mise en œuvre logistique, apparemment technique, prend donc une dimension éminemment politique. Elle contraint Alger à choisir entre préserver une posture diplomatique rigide ou accepter de faire une entorse à sa ligne de conduite pour rester dans la course sportive. La CAF, en intégrant un acteur national comme Royal Air Maroc dans son dispositif opérationnel, oblige chaque membre à s’aligner ou à s’écarter du processus.

Le Maroc consolide son rôle central dans le football continental

En parallèle, le Maroc continue de renforcer sa stature sur le plan sportif. Il accueillera la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, événement pour lequel des investissements massifs ont été consentis. Parmi les projets emblématiques figure la rénovation du stade Hassan II à Casablanca, qui deviendrait l’un des plus grands au monde avec une capacité de 115 000 places. Une ambition affichée d’imposer des standards élevés en matière d’accueil et de spectacle.

Ce contexte place Rabat en position d’influence au sein du football africain, à un moment où les choix d’organisation, de logistique et de gouvernance deviennent autant d’éléments de diplomatie indirecte. En confiant la gestion des déplacements à une compagnie marocaine, la CAF attribue au Royaume un rôle pivot, bien au-delà des terrains.

Pour Alger, la marge de manœuvre se rétrécit. Refuser d’ouvrir son ciel pourrait signifier s’exclure d’une dynamique sportive dont elle faisait historiquement partie. La décision à venir ne se résume donc pas à une question de transport, mais bien à une lecture politique de ce que l’Algérie est prête à concéder ou non dans un espace maghrébin déjà fracturé.

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