Le monde judiciaire sénégalais est en deuil. Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel, est décédé à Dakar, laissant derrière lui une institution endeuillée et un vide difficile à combler. La nouvelle a été annoncée ce jeudi par le journaliste Madiambal Diagne sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague d’émotion dans les cercles judiciaires et politiques du pays.
Diplômé de l’École nationale de la magistrature de Paris, Mamadou Badio Camara incarnait une certaine idée de la justice : celle qui s’exerce dans la rigueur, l’équité et la discrétion. Magistrat chevronné, il avait gravi patiemment tous les échelons, passant par les juridictions ordinaires, avant d’atteindre les plus hautes fonctions de l’appareil judiciaire.
D’abord Premier président de la Cour suprême, puis président du Conseil constitutionnel, il fut au cœur de nombreuses décisions cruciales pour l’État de droit au Sénégal. Sa voix, toujours posée mais ferme, pesait dans les arbitrages délicats. Il aura accompagné, sans jamais chercher les projecteurs, plusieurs transitions politiques sensibles, contribuant à maintenir la confiance des citoyens dans les institutions.
Pour beaucoup, Mamadou Badio Camara n’était pas qu’un technicien du droit. Il était aussi un repère, une conscience, un homme dont l’élégance morale tranchait dans un paysage souvent agité. Sa posture, empreinte de sérénité et d’humilité, lui a valu le respect de ses pairs, des barreaux sénégalais et de toute la classe politique, au-delà des clivages. Sa disparition intervient à un moment où le pays s’engage dans une nouvelle ère institutionnelle, avec un régime fraîchement installé.
Elle sonne comme un rappel de l’importance des hommes et femmes de principes dans le fonctionnement démocratique. Plus qu’un homme, c’est une culture de la justice que le Sénégal pleure aujourd’hui. Celle de l’indépendance, de la retenue et du sens de l’intérêt supérieur. Dans les amphithéâtres de droit comme dans les couloirs feutrés des palais de justice, Mamadou Badio Camara laisse une empreinte que plusieurs générations de juristes continueront de méditer.
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