Ce lundi 12 mai, la nouvelle de la suspension de l’ex-ministre Alain Adihou a fait le tour des médias. Peu après, sa lettre de démission a suivi. Pour en savoir plus sur cette situation au sein du Parti Fcbe, votre quotidien La Nouvelle Tribune lui a tendu son micro. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les raisons de son départ, dénonce les dérives internes et réaffirme son ancrage dans l’opposition.
Que s’est-il passé entre les dirigeants de votre ancien parti et vous ?
En réalité, j’avais déjà quitté le parti FCBE depuis un an, depuis mai 2024. Je l’ai expliqué dans ma lettre de démission, aux paragraphes 2 et 3, si mes souvenirs sont bons. Le 24 mars 2024, sur l’instruction expresse du Secrétaire Exécutif National (SEN) de ce parti, j’ai fait une déclaration à l’occasion de la sortie des forces politiques contre le code électoral. J’ai dit, au nom du parti, que l’opposition pouvait amener ses six maires pour compléter les 28 députés du parti Les Démocrates.
Cette position a été bien accueillie par l’opinion publique, les militants étaient contents. Mais curieusement, au sein du bureau politique, un groupe informel – que j’appelle un « couvent » – a été très gêné par cette déclaration. Le SEN n’a pas su gérer la situation.
Ce groupe informel, de qui s’agit-il ?
On l’appelle le « groupe des dix ». Ce n’est ni un groupe officiel ni statutaire, mais c’est ce noyau qui fait toutes les négociations au nom du parti. Le SEN avait aussi constitué autour de lui un petit noyau de quatre à cinq personnes. Il n’a pas su assumer cette divergence. Lors d’une réunion du bureau politique, le malaise a été clairement exprimé. Je ne l’ai pas caché, mais je suis resté mesuré. Je lui ai dit que je viendrais en discuter dans son bureau. Je ne suis pas son obligé.
Avez-vous participé aux activités du parti après ?
J’ai marqué le pas depuis le 28 juin 2024. Plus aucune convocation de réunion ne m’a été adressée. Ils ont volontairement cessé d’utiliser le canal habituel connu des 17 membres du bureau. J’ai attendu, fatigué par ce flou, et je suis passé à autre chose. Puis, le 6 mai dernier, j’ai reçu un papier m’informant de ma suspension provisoire pour « faute commise ». Je n’ai pas accusé réception. J’ai juste écrit sur l’original : « Merci SEN de me préciser par écrit la faute que j’ai commise », et j’ai signé.
Ma lettre de démission était prête depuis longtemps. Le 6 mai, j’ai décidé de l’actualiser. Lundi dernier, ne recevant toujours aucune réponse claire, j’ai envoyé ma lettre en main propre. Le SEN a refusé de signer, a lu le contenu, et a dit de passer par la voie judiciaire.
J’ai donc scanné la lettre et je l’ai envoyée dans les forums FCBE où j’étais. Ensuite, je me suis retiré. Et, comme par hasard, vers 13h, les premiers articles mensongers ont commencé à circuler.
Vous parlez d’un malaise provoqué par votre déclaration du 24 mars. Pouvez-vous préciser ?
Oui, cette déclaration posait clairement la position que le parti devait adopter : est-ce qu’il est vraiment de l’opposition, ou fait-il semblant de l’être ? Le SEN a montré qu’il se réclame de l’opposition, mais ses actes ne le confirment pas. Il a même déclaré récemment qu’il pouvait négocier des parrainages avec la mouvance.
Peut-on dire que vous êtes désormais avec les Démocrates ?
Non. Tous ceux qui sont de l’opposition ne sont pas forcément FCBE ou Démocrates. Je n’ai jamais été membre des Démocrates, je ne le serai pas. J’ai prêté service à FCBE de 2021 à 2024. Je reste un homme politique de l’opposition parce que les choix que le président Talon a faits, en mettant l’accent sur la valeur argent pour construire un pays, ne me conviennent pas.
Ces choix ne me conviennent pas. Moi, l’acteur premier du développement, c’est l’homme. Et c’est pour ça que j’ai cessé de collaborer avec le président de la République. Et que je me suis dit : ce régime, même s’il y a beaucoup de choses positives par ailleurs, on doit tout au moins sauvegarder la démocratie, qui est largement touchée par le régime en place. Donc, je reste un homme politique de l’opposition. J’ai cessé l’activisme politique partisan. Ma crédibilité ne vient ni de FCBE ni des Démocrates. Elle a été construite aux côtés du général Mathieu Kérékou.
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