Dix-sept mesures viennent d’être actées pour garantir le bon déroulement des examens de fin d’année 2025. Ces décisions, validées lors d’une réunion interministérielle conduite par le Premier ministre Ousmane Sonko, traduisent une volonté d’anticiper les défis logistiques, sécuritaires et pédagogiques posés par ces échéances. Le dispositif prévoit un encadrement renforcé des centres d’examen, un soutien logistique pour le transport des candidats et encadreurs, et des garanties sur l’approvisionnement en eau, électricité et couverture sanitaire. L’ensemble vise à éviter les perturbations observées les années précédentes, tout en établissant une base de travail rigoureuse pour des changements plus profonds prévus dès l’année suivante.
Les autorités ont également mis l’accent sur la lutte contre la fraude, avec une campagne de sensibilisation nationale et des dispositifs de contrôle stricts autour de l’usage des téléphones portables. Mais au-delà de cette gestion immédiate, le gouvernement entend surtout opérer un virage structurel, en revisitant les fondements du système d’évaluation et de passage des classes.
Vers un nouveau visage du cycle fondamental
Le CFEE et le BFEM, deux diplômes charnières du parcours scolaire sénégalais, pourraient bientôt être transformés dans leur forme et dans leur portée. Plusieurs pistes ont été évoquées, dont l’introduction du CFEE et du BFEM en arabe, pour mieux refléter la diversité linguistique et pédagogique du pays. Autre changement envisagé : l’abandon du concours d’entrée en sixième, remplacé par un passage de niveau basé sur un système d’évaluation plus continu. Cette suppression répond à une critique de longue date sur la pression que ce concours fait peser sur les élèves dès le cycle élémentaire, sans corrélation directe avec leur niveau réel de compétence.
Parallèlement, l’idée d’« académiser » le BFEM — c’est-à-dire de le positionner comme une véritable certification de fin de premier cycle, mieux structurée et reconnue — est sur la table. Cette transformation pourrait donner plus de cohérence au système éducatif, en clarifiant les parcours post-collège, que ce soit vers le lycée général, la formation professionnelle ou l’enseignement technique.
Soutien au privé et renforcement du corps enseignant
Ces réformes ne peuvent aboutir sans une mobilisation massive des ressources humaines et pédagogiques. Pour accompagner ces évolutions, l’État a annoncé un appui renforcé au secteur privé de l’éducation, souvent sollicité pour combler les manques structurels de l’offre publique. L’objectif est d’éviter que les nouvelles exigences en matière de programme, de langue ou de méthode ne creusent davantage les inégalités entre établissements.
Autre décision phare : l’accompagnement suite au recrutement exceptionnel de 2 000 enseignants. Ces nouveaux effectifs permettront non seulement de répondre à la demande immédiate, mais aussi de soutenir la mise en œuvre des réformes annoncées pour 2026, qui exigent une formation continue et une adaptation des pratiques pédagogiques.
L’année 2026 ne sera donc pas une simple continuité, mais un jalon déterminant pour repositionner l’éducation sénégalaise. En posant dès à présent les bases techniques et humaines de cette mutation, les autorités veulent démontrer qu’une école publique ambitieuse peut s’appuyer sur une planification rigoureuse, un dialogue intersectoriel et un pilotage stratégique. Encore faudra-t-il que les annonces trouvent leur traduction dans les salles de classe.



