Ce dimanche à Touba, un immeuble s’est effondré brutalement, ensevelissant les espoirs de plusieurs familles. Deux morts et sept blessés ont été extraits des décombres selon un bilan provisoire. Une tragédie de plus, qui s’ajoute à une série noire d’effondrements dans le pays, à tel point que l’indignation publique commence à céder la place à une fatigue résignée. Pourtant, rien dans ce type d’accident n’est inévitable. Le préfet de Mbacké, Khadim Hann, a déclaré que les règles élémentaires de construction n’avaient pas été respectées. Ce constat, aussi simple qu’accablant, renvoie à un problème connu de tous : des chantiers lancés sans contrôle réel, des plans ignorés, des matériaux de mauvaise qualité, des entrepreneurs peu scrupuleux. Autrement dit, une catastrophe annoncée.
Quand l’État serre le ton
Le président de la République avait donné le ton il y a quelques semaines en Conseil des ministres : plus question de tolérer l’approximation et la désinvolture dans le secteur du bâtiment. Il avait exigé l’application stricte du Code de la construction, la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation à destination des populations et une coordination renforcée entre les municipalités, les services techniques et les unités de secours. Ces directives venaient rappeler que le laisser-faire dans ce domaine a un prix, souvent payé par les plus vulnérables. Mais sur le terrain, les chantiers foisonnent sans permis, les vérifications sont rares, et la logique du profit rapide continue de primer sur la sécurité des habitants. Le cas de Ngor, survenu peu avant celui de Touba, avait déjà frappé les esprits. Là-bas, trois personnes ont été arrêtées, dont l’entrepreneur du site et deux opérateurs de machine, poursuivis pour homicides involontaires. Si la justice semble vouloir aller vite, le problème dépasse les seuls coupables directs.
Construire ou détruire : une urgence nationale
L’effondrement d’un immeuble n’est pas seulement une faille dans du béton. C’est aussi la preuve visible d’un système défaillant, où les décisions politiques peinent à traverser les étages administratifs pour atteindre les fondations de la vie urbaine. Les populations ne savent plus à qui se fier : aux entrepreneurs peu regardants, aux services techniques débordés, ou aux promesses d’encadrement toujours renouvelées après chaque drame. À Touba comme à Dakar, l’effondrement de bâtiments n’a plus rien d’exceptionnel. C’est devenu presque un mot de l’actualité hebdomadaire. La multiplication des chantiers mal encadrés est une bombe à retardement. Tant qu’aucun dispositif rigoureux de contrôle ne sera réellement appliqué, chaque mur qui se dresse pourrait devenir demain un piège mortel.
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