À Kaffrine, c’est dans une atmosphère lourde de tristesse que la dépouille de Mamadou Samba Diallo a été portée en terre. Infirmier Chef de Poste à Arafat, une localité rattachée au district sanitaire de Koungheul, il a été arraché brutalement à la vie dans la nuit du 20 au 21 mai 2025. Son enterrement a rassemblé une foule endeuillée, composée de proches, de collègues et de simples citoyens venus exprimer leur désarroi face à un drame qui dépasse le cadre d’une tragédie individuelle. Ce décès tragique a déclenché une onde de choc qui traverse bien au-delà du secteur de la santé, ravivant une inquiétude grandissante sur la sécurité des agents en poste dans les zones reculées.
Quand soigner devient un risque
Le meurtre de Mamadou Samba Diallo n’est pas seulement un acte de violence isolé : il révèle une faille inquiétante dans la protection des soignants affectés dans les zones rurales du Sénégal. Ces professionnels, souvent seuls dans des postes de santé éloignés, sont exposés à des menaces physiques sans moyens adéquats pour se défendre ou alerter en cas de danger. Face à ce drame, Dr El Hadji Malick Niang, médecin-chef du district sanitaire de Koungheul, a haussé le ton. Il a dénoncé avec force cet acte brutal et insisté sur l’urgence de repenser la sécurité autour du personnel soignant, notamment dans les régions où les structures de l’État peinent à assurer une présence dissuasive.
On demande aux infirmiers de remplir un rôle vital — être les premiers recours, les premiers gestes de secours, les relais entre le malade et l’hôpital — mais trop souvent, ils doivent aussi être leurs propres vigiles. Cette contradiction devient tragique quand les conditions d’exercice les exposent à de tels drames, transformant des lieux de soin en zones à haut risque.
Colère institutionnelle et appel à l’action
Le ministère de la Santé et de l’Action Sociale a exprimé une indignation claire, qualifiant l’événement de profondément choquant. Au-delà de la compassion, c’est une alerte qui est lancée. Le décès de Mamadou Samba Diallo appelle une réponse ferme : sécuriser les postes de santé ruraux, renforcer la présence policière autour des zones sensibles, et redonner confiance aux professionnels de santé qui œuvrent chaque jour dans des conditions difficiles, parfois au péril de leur vie.
L’émotion et la colère qui ont suivi ce meurtre doivent être canalisées vers des actions concrètes. Il ne s’agit pas uniquement de rendre hommage, mais de garantir que plus jamais un infirmier ne tombe dans l’exercice de sa mission, non pas à cause d’un virus ou d’un manque de matériel, mais par la main violente d’un agresseur.



