Dès le mois d’avril, les autorités sénégalaises ont anticipé les tensions sur le marché du mouton en multipliant les démarches diplomatiques et commerciales. Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, s’est rendu à Nouakchott pour discuter directement avec les autorités mauritaniennes et sécuriser l’importation de têtes supplémentaires.
Avec une population urbaine toujours plus nombreuse et une dépendance croissante à l’égard de l’élevage extensif sahélien, le Sénégal se trouve, une nouvelle fois, face à un casse-tête. Les ambitions d’autosuffisance se heurtent à la lente structuration du secteur de l’élevage national, encore dominé par des circuits informels et saisonniers.
Un stock insuffisant à moins d’un mois de la fête
Le gouvernement faisait état de 406 592 moutons disponibles sur l’ensemble du territoire, soit à peine la moitié des besoins estimés pour satisfaire la demande nationale, évaluée à 830 000 têtes. Ce chiffre, dévoilé par le Premier ministre Ousmane Sonko devant le Conseil des ministres, révèle l’écart préoccupant entre l’offre et les attentes.
Pour pallier ce déséquilibre, 278 points de vente officiels ont été mis en place à travers le pays. Ces espaces doivent permettre une meilleure régulation des flux, une transparence accrue sur les prix et un encadrement plus ferme de la spéculation. Cependant, à mesure que la Tabaski approche, les inquiétudes se multiplient dans les foyers, notamment en milieu urbain, où la majorité des ménages achètent leur mouton quelques jours avant la fête.
Un signal fort en faveur des petits producteurs
Parallèlement à la question du bétail, l’État tente de soutenir les segments fragiles de l’agriculture. Une mesure particulière a été annoncée pour la période du 22 mai au 15 juin : les grandes exploitations agricoles sont appelées à suspendre temporairement leurs ventes d’oignons. L’objectif est de favoriser l’écoulement des stocks détenus par les petits producteurs, souvent vulnérables face à la concurrence des grands opérateurs.
Ce geste, bien que distinct du dossier du mouton, participe d’un effort plus général pour maintenir les équilibres du marché agricole à l’approche de la Tabaski. Il traduit aussi une volonté de réorienter les politiques d’approvisionnement vers plus d’équité, en tenant compte des rapports de force qui pèsent sur les circuits commerciaux.
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