Le fossé entre Donald Trump et le monde du divertissement ne date pas d’hier. Depuis son arrivée sur la scène politique, le magnat de l’immobilier reconverti en président a rarement trouvé grâce aux yeux des grandes figures culturelles américaines. Hollywood, les icônes de la musique pop ou encore les humoristes influents se sont largement désolidarisés de ses positions, parfois avec virulence. En 2016 déjà, de nombreuses célébrités s’étaient mobilisées pour Hillary Clinton. Quatre ans plus tard, le rejet s’est accentué, renforcé par des prises de position controversées de Trump sur les droits civiques ou les questions de genre. Beyoncé, Taylor Swift, Lady Gaga ou encore Robert De Niro n’ont jamais caché leur opposition à sa personne ou à son programme. Ce désamour, Trump le connaît bien — et il ne manque jamais une occasion d’en faire un enjeu politique.
Une campagne électorale sous influence ?
Dans un message publié récemment sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a accusé Kamala Harris d’avoir rémunéré des artistes pour garantir leur soutien public. Selon lui, la vice-présidente aurait profité de la notoriété de stars comme Bruce Springsteen ou Beyoncé pour séduire l’électorat lors de sa campagne présidentielle. Trump a même réclamé qu’une enquête soit ouverte pour déterminer si des fonds de campagne ont été utilisés afin de « camoufler » ces paiements derrière des prestations scéniques.
À ses yeux, ce soutien d’artistes à forte audience n’aurait pas été spontané, mais orchestré à coups de chèques. Bruce Springsteen, emblème du rock américain, a ainsi été pointé du doigt pour sa performance lors d’un rassemblement en Géorgie. L’équipe de Kamala Harris, de son côté, a fermement rejeté ces allégations, précisant qu’aucun cachet n’avait été versé à Beyoncé, souvent perçue comme une alliée stratégique pour rallier l’électorat afro-américain et jeune.
Beyoncé au cœur du message, sans y être directement visée
Le nom de Beyoncé n’a pas été explicitement attaqué par Trump, mais son évocation dans ce contexte n’est pas anodine. Figure influente de la musique et du militantisme afro-américain, l’artiste jouit d’un capital symbolique considérable dans les milieux progressistes. La mention de sa présence à un meeting démocrate suggère une tentative de semer le doute sur la légitimité de son engagement politique. En l’intégrant à une rhétorique accusatoire, Trump semble vouloir discréditer non seulement Harris, mais aussi les personnalités qui lui apportent leur soutien.
Il ne s’agit pas ici de critiquer directement les artistes, mais d’instiller l’idée que leur appui serait le fruit de transactions opaques, sapant ainsi leur crédibilité auprès du public. Cette méthode indirecte permet à Trump de jouer sur plusieurs tableaux : faire pression sur les soutiens culturels de ses adversaires, tout en relançant une campagne contre les élites « déconnectées » du peuple, un thème qu’il exploite depuis ses débuts en politique.
Une bataille d’image avant tout
Au-delà des soupçons de financement, cette sortie illustre une guerre de perception. Alors que Kamala Harris mise sur une coalition incluant la jeunesse, les minorités et les voix de la culture populaire, Trump tente de recentrer le débat sur la légitimité morale et financière de cette stratégie. Accuser l’adversaire de manipuler les apparences revient à contester l’authenticité même de son soutien.
Dans un pays où les stars peuvent influencer des millions d’électeurs, la question de leur rôle dans les campagnes est plus politique que jamais. Trump le sait. Et même si aucune preuve n’a été fournie pour étayer ses propos, la simple existence de cette polémique suffit à raviver une opposition de longue date entre son camp et celui d’une partie de l’Amérique culturelle.
En ciblant Kamala Harris sur ce terrain, l’ancien président semble également préparer le terrain pour un affrontement où les projecteurs ne seront pas uniquement braqués sur les débats politiques, mais aussi sur les coulisses de la communication électorale.
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