Afrique du Nord : un projet pharaonique crée la polémique

Le gouvernement égyptien a révélé en juin un projet audacieux nommé Jirian, une ville ultramoderne prévue dans le désert occidental, non loin des pyramides de Gizeh. Ce nom, signifiant « cours d’eau » en arabe, reflète l’ambition de créer une oasis urbaine alimentée par le Nil, capable d’accueillir jusqu’à trois millions de familles. Présenté par le Premier ministre Moustafa Madbouli, ce chantier se veut une solution novatrice face à la croissance démographique de l’Égypte.

L’esthétique de Jirian s’inspire des métropoles comme Dubaï, avec des gratte-ciel majestueux et des résidences de luxe longeant un canal artificiel. Les quartiers, nommés Palm Hills, Mountain View ou Nations of Sky, ciblent clairement une clientèle aisée. Les prix des propriétés, atteignant parfois plus de trois millions d’euros pour les plus prestigieuses, soulignent l’orientation haut de gamme de ce projet.

Une vision critiquée pour son élitisme

Ce choix de privilégier l’immobilier de luxe suscite une vague de contestations dans un pays où l’économie vacille. Avec une inflation galopante et une précarité croissante, Jirian semble déconnecté des préoccupations quotidiennes des Égyptiens. Les critiques pointent une priorisation des ambitions architecturales au détriment des besoins sociaux urgents de la population.

Le montage financier du projet interroge également. Officiellement porté par le privé, il est en réalité piloté par Future of Egypt, une entité proche de l’armée de l’air. Ce schéma met en lumière l’influence croissante des militaires dans les secteurs économiques civils, où les grands projets deviennent des leviers de profit pour les élites liées aux forces armées.

Des doutes sur la viabilité économique

La prolifération de ces mégaprojets suscite l’inquiétude des experts internationaux, alors que l’Égypte croule sous une dette extérieure passée de 37 milliards de dollars en 2010 à 155 milliards aujourd’hui. Malgré les soutiens financiers du FMI, de l’Arabie saoudite et de l’Union européenne, cette stratégie axée sur les grands travaux divise.

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