Créée en 2021, Viginum est une agence rattachée au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale en France, chargée de surveiller les ingérences numériques étrangères. Son rôle consiste à détecter les opérations visant à manipuler l’opinion publique par le biais de contenus diffusés sur internet, en particulier ceux cherchant à influencer des débats nationaux ou à fragiliser les institutions. Dans son dernier rapport, l’agence affirme avoir identifié une campagne en ligne d’origine russe visant les internautes africains, notamment francophones.
Un réseau médiatique au cœur des soupçons
Selon Viginum, une agence appelée African Initiative, fondée en Russie en septembre 2023 et basée à Moscou, jouerait un rôle central dans cette activité. Présentée comme un pont d’information entre la Russie et l’Afrique, cette entité publierait des contenus en français et dans d’autres langues locales via plusieurs canaux numériques, notamment des sites web et des réseaux sociaux.
Le rapport estime que cette agence serait contrôlée en coulisses par des individus liés aux services de renseignement russes, sur la base d’enquêtes en source ouverte. Elle serait ainsi utilisée, toujours selon les autorités françaises, pour relayer des messages pro-russes et critiques à l’égard des puissances occidentales, en particulier de la France. Aucun élément public du rapport ne permet cependant de confirmer ces accusations de manière indépendante.
L’IA, nouvel outil de diffusion
Viginum avance également que la campagne identifiée utiliserait l’intelligence artificielle pour générer et propager des publications trompeuses. Ces contenus viseraient principalement des utilisateurs en Afrique francophone, en simulant des discours locaux tout en relayant des récits favorables à la politique extérieure de Moscou.
Toujours selon les conclusions françaises, cette stratégie permettrait de contourner les filtres habituels de détection, en s’appuyant sur des relais locaux – influenceurs, activistes ou commentateurs – qui contribueraient à diffuser ces messages sans révéler leur origine. Aucune preuve concrète n’est cependant fournie pour attester d’un tel réseau.
Tensions géopolitiques et enjeux d’influence
Les autorités françaises considèrent que cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large où la Russie chercherait à renforcer sa présence en Afrique, notamment dans les pays historiquement liés à la France. Elles y voient une tentative de redéfinir les alliances, en s’appuyant sur des narratifs remettant en question la légitimité de l’action française sur le continent.
Le rapport de Viginum intervient dans un contexte marqué par des bouleversements diplomatiques au Sahel, où plusieurs pays ont récemment remis en cause leur coopération avec Paris. La multiplication des acteurs médiatiques alternatifs, souvent accusés de véhiculer des messages orientés, alimente des débats sur la souveraineté de l’information dans les espaces numériques africains.
Du côté russe, aucune réaction officielle n’a été communiquée à ce jour concernant les accusations portées par les autorités françaises. Quant à African Initiative, elle se présente comme une agence indépendante, sans mention d’affiliation étatique sur ses plateformes.
Laisser un commentaire