Aviation au Maghreb : deux énormes contrats dans les tuyaux

Le ciel maghrébin ne cesse de s’animer au rythme des ambitions croissantes des compagnies aériennes et de la consolidation de l’industrie aéronautique régionale. Depuis une décennie, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie multiplient les initiatives pour moderniser leurs flottes, attirer les investisseurs et renforcer les infrastructures aéroportuaires. Casablanca, notamment, s’impose comme un carrefour stratégique pour les liaisons intercontinentales, pendant que des villes comme Tunis et Alger développent leurs propres hubs aériens. Les compagnies nationales cherchent désormais à combiner compétitivité opérationnelle et rayonnement international. Royal Air Maroc (RAM) s’apprête donc à franchir une nouvelle étape décisive.

Airbus et Boeing dans les coulisses du renouvellement

La compagnie aérienne marocaine Royal Air Maroc (RAM) discute avec Boeing pour acheter plusieurs avions. Elle souhaite commander des 737 MAX pour ses vols de moyenne distance, ainsi que des 787 Dreamliner pour ses vols long-courriers. Un accord officiel avec Boeing pourrait être annoncé bientôt, selon Reuters.

Selon la même source, RAM est aussi sur le point de signer un gros contrat avec Airbus pour acheter une vingtaine d’avions A220. Ces appareils sont bien adaptés aux vols courts ou régionaux, et coûtent moins cher à exploiter. Cela aidera RAM à mieux desservir l’Afrique et l’Europe. Ce n’est pas qu’un simple changement technique : c’est une vraie stratégie pour adapter la flotte aux besoins réels, en particulier pour renforcer les liaisons entre villes.

Un virage stratégique pour Royal Air Maroc

Ce double mouvement, vers Airbus et Boeing, montre une volonté de diversification qui tranche avec les habitudes historiques de RAM, longtemps perçue comme fidèle à un seul constructeur. Ce rééquilibrage entre les deux géants de l’aéronautique n’est pas anodin : il reflète une stratégie d’optimisation des performances en fonction des segments de marché, tout en s’offrant une marge de négociation commerciale plus large.

Par ailleurs, cette réorientation de la flotte s’inscrit dans un programme de modernisation lancé depuis plus d’un an. L’objectif est clair : gagner en efficacité énergétique, réduire les coûts d’exploitation et améliorer l’expérience passager. En pariant sur des appareils de nouvelle génération, RAM anticipe les futures exigences environnementales tout en se positionnant pour capter de nouveaux flux touristiques et commerciaux, notamment en provenance d’Afrique subsaharienne, d’Europe du Sud et d’Amérique du Nord.

Le Maghreb prend de l’altitude

Au-delà du cas RAM, ce renouvellement de flotte traduit une tendance plus large dans la région. Le Maghreb ne se contente plus d’être une zone de transit : il ambitionne d’être un pôle aérien influent à part entière. L’essor de l’industrie aéronautique au Maroc, avec des clusters autour de Casablanca rassemblant fournisseurs, centres de maintenance et formations spécialisées, soutient cette transformation. Ce tissu industriel permet aux compagnies locales de mieux intégrer la chaîne de valeur mondiale.

Si le contrat en cours de finalisation entre RAM et Airbus se confirme, et si la commande Boeing suit son cours comme prévu, cela pourrait envoyer un signal fort à l’ensemble du secteur : celui d’un Maghreb prêt à jouer dans la cour des grands, en capitalisant sur sa position géographique stratégique et en misant sur une aviation moderne, connectée et ambitieuse.

Ce tournant pourrait également inciter d’autres compagnies régionales à accélérer leur propre transformation. Dans un ciel de plus en plus concurrentiel, les choix actuels de Royal Air Maroc pourraient servir de référence pour une nouvelle génération de transporteurs nord-africains décidés à ne plus seulement suivre le mouvement, mais à l’imprimer.

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