Longtemps perçu comme un noyau restreint de puissances émergentes — Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud —, le groupe des BRICS s’est progressivement élargi pour accueillir de nouveaux membres, à l’image de l’Égypte, de l’Iran ou encore des Émirats arabes unis. Officiellement, cette ouverture vise à renforcer le poids collectif du Sud global face aux puissances occidentales traditionnelles. Mais derrière cette façade d’unité, des rivalités anciennes resurgissent, menaçant la cohésion du bloc. La relation entre l’Inde et la Chine, bien que centrale, illustre cette tension sous-jacente : une coexistence fragile, où chaque geste est interprété comme une manœuvre stratégique.
Ces dernières semaines, cette rivalité s’est à nouveau tendue, alors que des informations révélées par Jane’s Defence Weekly indiquent que la Chine serait sur le point de livrer une trentaine d’avions de chasse de nouvelle génération FC-31, également connus sous le nom de J-35A, au Pakistan. Une telle décision, si elle est confirmée, pourrait envenimer les rapports déjà compliqués entre New Delhi et Pékin, en particulier dans le contexte d’une recrudescence des tensions militaires entre l’Inde et le Pakistan. L’implication technologique de la Chine dans ce bras de fer régional soulève des doutes sur sa volonté réelle de promouvoir la stabilité, même au sein d’une coalition où elle partage la table avec l’Inde.
L’ombre de Pékin derrière les affrontements indo-pakistanais
Le mois de mai 2025 a été marqué par une série d’affrontements aériens entre les forces indiennes et pakistanaises, aboutissant à des pertes matérielles de part et d’autre. L’Inde a lancé une opération en profondeur, visant des installations militaires au Pakistan, à près de 300 km de la frontière. Le général Anil Chauhan, chef d’état-major indien, a admis que des avions avaient été abattus, tout en saluant la capacité de l’armée à corriger ses erreurs tactiques et à poursuivre ses frappes avec précision. En réaction, Islamabad a affirmé avoir neutralisé jusqu’à six appareils indiens, grâce notamment à ses avions de chasse J-10 armés de missiles longue portée — des équipements fournis par Pékin.
Cette intervention indirecte de la Chine, via la fourniture d’armements sophistiqués, alimente les soupçons. Que penser d’une puissance qui, d’un côté, promeut le dialogue au sein d’un groupe multilatéral, et de l’autre, renforce militairement l’adversaire déclaré d’un de ses partenaires ? L’annonce probable de la livraison des FC-31 — avion furtif encore en phase de déploiement dans l’aviation chinoise — ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Des pilotes pakistanais seraient d’ores et déjà en formation en Chine, préparant leur entrée dans une ère technologique que l’Inde devra contrer, seule ou avec d’autres alliés.
Un multilatéralisme sous tension
L’élargissement des BRICS, présenté comme un signe de vitalité, ne suffit pas à effacer les fractures internes. L’Inde, puissance nucléaire dotée d’une ambition stratégique affirmée, n’a jamais caché ses réticences face à l’hégémonie croissante de Pékin dans les instances internationales. Si la Chine continue à manœuvrer de manière unilatérale, notamment en matière de coopération militaire, elle risque de compromettre l’équilibre instable qui permet encore aux BRICS de fonctionner. Ce n’est pas la première fois que New Delhi et Pékin s’affrontent par acteurs interposés, mais le contexte actuel — avec la guerre en Ukraine, les tensions maritimes en Asie et la recomposition du multilatéralisme mondial — donne à cette rivalité une portée plus aiguë.
La Chine, en renforçant le Pakistan, cherche à maintenir une pression constante sur son voisin indien, tout en testant ses propres technologies sur un théâtre extérieur. Mais cette stratégie pourrait bien pousser l’Inde à accélérer ses partenariats militaires avec des puissances extérieures aux BRICS, comme la France ou les États-Unis, érodant la crédibilité du bloc comme espace de coopération stratégique. Ce double jeu met aussi en difficulté les autres membres du groupe, qui doivent composer avec deux géants dont les visions du monde divergent de plus en plus.
L’unité des BRICS à l’épreuve du réel
La livraison annoncée des avions de chasse chinois à Islamabad n’est pas seulement un acte de soutien bilatéral : c’est un message adressé à New Delhi. Et il est peu probable que l’Inde l’interprète comme un geste amical. Dans un monde de plus en plus fragmenté, les alliances régionales doivent faire face à la réalité des intérêts nationaux. La solidarité affichée lors des sommets des BRICS ne pèse pas lourd face à des logiques d’encerclement, de supériorité militaire et de rivalité historique.
Si les BRICS veulent rester autre chose qu’un slogan diplomatique, leurs membres devront dépasser la méfiance mutuelle et clarifier les lignes rouges. L’Inde et la Chine, en particulier, ont le choix : alimenter leurs tensions par procuration, ou construire un cadre de coexistence stratégique plus cohérent. Faute de quoi, les avions qui sillonnent le ciel du Cachemire pourraient finir par briser définitivement les ponts que les BRICS prétendent bâtir sur la scène mondiale.




La chine doit jouer le de neutralité pour évité les divergences avec son voisin indien.