Après des années marquées par des débats constitutionnels, des tensions électorales et une opposition fragmentée, Alassane Ouattara semble une nouvelle fois prêt à défier le temps politique. Arrivé au pouvoir en 2011, l’actuel président ivoirien a toujours su maintenir son emprise sur la scène politique. Le troisième mandat, obtenu malgré les contestations liées à la limitation initiale des mandats présidentiels, avait été justifié par l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016, permettant, selon ses partisans, de « remettre les compteurs à zéro ». Cette interprétation avait provoqué de vives critiques à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, sans empêcher sa victoire dans les urnes face à une opposition divisée.
Un choix clair du RHDP
C’est au cours d’un congrès tenu à Abidjan ce 21 juin, que les partisans du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ont acclamé la désignation d’Alassane Ouattara comme leur candidat pour les élections présidentielles prévues en octobre 2025. Présidé par l’ancien Premier ministre Patrick Achi, l’événement a surtout officialisé une volonté déjà largement perceptible dans les rangs du parti. Malgré l’absence d’une déclaration claire de l’intéressé, les congressistes n’ont laissé aucune place au doute, affichant une confiance absolue dans leur leader historique. Ce soutien unanime, présenté comme une “approbation sans réserve”, laisse peu d’ambiguïté quant à l’orientation que pourrait prendre Ouattara dans les mois à venir.
Silence stratégique ou prudence calculée ?
Le fait que le président n’ait pas encore confirmé personnellement sa candidature laisse place à diverses interprétations. Il pourrait s’agir d’une tactique bien rodée pour tester les réactions, préserver une marge de manœuvre ou maintenir l’attention médiatique. Ce silence apparent permet aussi de jauger le terrain politique sans s’exposer trop tôt aux critiques de l’opposition ou aux tensions internes. À moins d’un retournement spectaculaire, la trajectoire semble déjà tracée. Ouattara n’agit pas seulement en homme d’État, mais en stratège conscient des codes d’un système qu’il maîtrise depuis plus d’une décennie.
Vers un nouvel acte ou un point de rupture
Alors que les échéances approchent, la perspective d’un quatrième mandat rouvre le débat sur la longévité politique et ses conséquences. Cette candidature pourrait renforcer l’image d’un dirigeant expérimenté dans un environnement régional instable. Mais elle risque aussi d’alimenter des fractures anciennes, dans une société qui, à intervalles réguliers, aspire à une respiration démocratique. Le RHDP mise sur la cohérence et la loyauté de ses rangs. Mais c’est bien dans l’arène nationale, face à une opposition encore à recomposer, que se jouera la prochaine étape du parcours d’Alassane Ouattara.
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