Face aux défis posés par la baisse de production nationale et la montée en puissance de nouveaux concurrents, l’Algérie cherche à consolider sa position comme fournisseur stratégique sur le marché mondial des hydrocarbures. Elle s’appuie pour cela sur ses infrastructures existantes, notamment ses terminaux GNL, et mise sur une diplomatie énergétique active, en particulier vers l’Europe. Mais la conjoncture reste mouvante. Le pays alterne entre ambitions affirmées et ralentissements conjoncturels, avec des performances qui dépendent largement de la demande extérieure, des cours mondiaux et de la capacité des clients à diversifier leurs approvisionnements.
Une reprise contrastée, mais des signaux positifs
Le mois de mai 2025 a apporté un souffle de soulagement partiel aux exportateurs algériens de gaz naturel liquéfié. Avec 0,962 million de tonnes expédiées, les volumes repartent à la hausse par rapport à avril, enregistrant une progression notable de 23 %. Cette embellie intervient après un premier trimestre compliqué, marqué par un repli de 25 % des exportations sur un an. Malgré ce sursaut, les chiffres restent en deçà des performances de mai 2024, où les ventes avaient atteint des niveaux plus élevés.
Ce redressement ponctuel ne suffit pas à masquer l’instabilité persistante du marché. Le classement mensuel des clients les plus importants de l’Algérie a subi de nouveaux changements, soulignant l’imprévisibilité de la demande. Cette situation oblige Alger à naviguer à vue tout en tentant de préserver ses parts de marché dans un environnement de plus en plus concurrentiel.
France, Italie, Turquie : la hiérarchie bousculée
Le podium des importateurs de GNL algérien a été redessiné en mai. La France, qui avait connu des phases d’essoufflement dans ses achats ces derniers mois, reprend la tête avec 0,258 million de tonnes importées. Ce volume représente plus du quart des exportations totales de l’Algérie sur la période. L’Hexagone devance ainsi l’Italie, traditionnel client de poids, qui se place en deuxième position avec 0,219 million de tonnes. Ces volumes sont en progression par rapport à avril, mais restent inférieurs à ceux de l’année précédente.
La Turquie complète ce trio, bien qu’en recul sur un an. Avec 0,215 million de tonnes, Ankara conserve néanmoins sa place dans les principaux débouchés du gaz algérien, malgré un repli de près d’un quart de ses achats en douze mois. Ces fluctuations reflètent les arbitrages stratégiques opérés par ces pays, chacun ajustant ses volumes en fonction des cours, de la saisonnalité et de ses propres capacités de stockage.
Défis structurels et marge de manœuvre réduite
L’évolution mensuelle des exportations ne traduit pas seulement des phénomènes conjoncturels. Elle met aussi en lumière les limites d’une stratégie qui repose encore largement sur quelques partenaires traditionnels, au moment où la concurrence s’intensifie, notamment avec l’émergence de nouveaux fournisseurs comme les États-Unis ou le Qatar. Pour Alger, maintenir un équilibre entre stabilité des recettes et fidélisation des clients devient un exercice délicat.
La reprise de la demande française en mai peut être vue comme un signal encourageant, mais elle n’efface pas les incertitudes à moyen terme. Le retour de Paris au premier rang montre que les relations énergétiques bilatérales gardent un poids réel, même dans un marché fragmenté. Toutefois, la performance de ce mois reste tributaire d’un ensemble de facteurs non maîtrisables par l’Algérie seule, et ne garantit pas une tendance durable.
À mesure que les équilibres se déplacent et que les pays clients cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement, la capacité de l’Algérie à rester une pièce maîtresse dans le paysage gazier euro-méditerranéen dépendra autant de ses ajustements logistiques que de sa lecture des rapports de force en cours.
Classement des importateurs de GNL algérien – Mai 2025
- France : 0,258 million de tonnes (26,8 % des exportations totales)
- Italie : 0,219 million de tonnes
- Turquie : 0,215 million de tonnes
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