Alors que les enjeux climatiques et énergétiques s’intensifient à l’échelle mondiale, l’Algérie amorce une inflexion stratégique majeure : investir dans l’hydrogène vert pour diversifier son modèle énergétique et renforcer sa souveraineté. Pays historiquement tourné vers les hydrocarbures, Alger s’oriente désormais vers une énergie d’avenir, à faible empreinte carbone et à fort potentiel industriel. Cette transition prend une dimension nouvelle avec l’annonce officielle de son adhésion à l’Africa Green Hydrogen Alliance (AGHA), rendue publique lors du Forum africain de l’énergie qui s’est tenu du 17 au 20 juin à Cape Town. Dans un communiqué diffusé à cette occasion, le ministère de l’Énergie et des Mines a affirmé la volonté du pays de contribuer activement à la structuration d’un cadre africain autour de l’hydrogène vert.
L’Algérie fait le pari de l’hydrogène propre
Dotée de vastes surfaces ensoleillées, de capacités industrielles et d’une expertise énergétique reconnue, l’Algérie se trouve dans une position favorable pour devenir un producteur clé d’hydrogène vert. Son entrée dans l’AGHA répond à un double objectif : mettre en valeur ses ressources renouvelables et se positionner comme un partenaire stratégique sur les marchés internationaux, notamment en direction de l’Europe, grande consommatrice potentielle.
Le ministère de l’Énergie et des Mines a souligné que cette décision se veut dans une approche de long terme visant à soutenir les efforts de décarbonation, à garantir une sécurité énergétique durable, et à créer de nouvelles opportunités de développement industriel. La production d’hydrogène propre n’est plus perçue comme un projet lointain, mais comme un levier immédiat de transformation économique. En rejoignant cette alliance, l’Algérie entend accélérer le lancement de projets concrets, bénéficier d’un partage d’expertise et d’un accès élargi aux mécanismes de financement internationaux.
Une coalition continentale en pleine expansion
L’Africa Green Hydrogen Alliance a été lancée par un groupe initial de six pays africains décidés à coordonner leurs efforts autour de cette nouvelle filière. L’idée est simple mais ambitieuse : bâtir un cadre commun pour développer une industrie de l’hydrogène vert sur le continent, en harmonisant les stratégies, en mutualisant les ressources et en renforçant la capacité d’attraction des investissements.
L’Algérie ne rejoint pas ce projet seule : elle fait partie d’une nouvelle vague d’adhésions qui comprend aussi le Nigeria, , Djibouti, l’Angola et l’Éthiopie. L’objectif collectif est de produire entre 30 et 40 TWh d’hydrogène vert à l’échelle du continent, de quoi satisfaire une part non négligeable des besoins européens et de renforcer l’autonomie énergétique de l’Afrique. Cette convergence traduit une volonté de faire émerger une nouvelle géographie énergétique, fondée sur la coopération plutôt que sur la compétition entre États.
Le Maghreb se met en ordre de marche
En intégrant l’AGHA, l’Algérie prend une longueur d’avance au Maghreb. Son engagement envoie un signal fort aux autres pays de la région et confirme le rôle central que peut jouer l’Afrique du Nord dans les futurs flux d’énergie verte. La proximité du marché européen, combinée à des ressources naturelles abondantes, place cette zone au cœur des stratégies de production et d’exportation.
La Tunisie, qui envisage de rejoindre l’alliance, pourrait bientôt renforcer cet axe maghrébin. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait donner naissance à un véritable corridor énergétique entre l’Afrique et l’Europe, porté par une vision partagée du développement durable. Dans ce cadre, l’Algérie ne se contente pas d’adhérer à une alliance : elle cherche à impulser une nouvelle trajectoire pour sa politique énergétique, en la plaçant sous le signe de l’innovation, de la coordination régionale et de la responsabilité environnementale.
À travers ce repositionnement stratégique, le pays affirme son ambition de devenir un acteur structurant du paysage énergétique africain. Plus qu’une décision technique, l’entrée dans l’AGHA traduit une volonté claire : faire de l’hydrogène vert un moteur de transformation pour l’Algérie, pour le Maghreb et pour l’ensemble du continent.
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