« La présence russe en Afrique se renforce », affirme le Kremlin

Photo : Alexei Nikolsky/AP

Depuis plusieurs années, la Russie a renoué avec une présence active sur le continent africain, marquant un retour stratégique après une période d’affaiblissement post-soviétique. Ce renouveau s’est d’abord manifesté par l’intervention du groupe Wagner, une organisation paramilitaire privée liée à Moscou, qui a établi une base en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali. Cette présence non officielle mais très visible a permis à la Russie de tisser des liens dans des zones où l’influence occidentale vacille, notamment en jouant un rôle dans des opérations de sécurité et de soutien militaire. Cependant, ce volet privé tend désormais à céder le pas à une implication plus directe et institutionnelle des autorités russes, révélant une volonté d’ancrer durablement la coopération entre la Russie et les pays africains.

Un partenariat économique et sécuritaire renforcé

Les récentes déclarations officielles du Kremlin, notamment celles de son porte-parole Dmitri Peskov, témoignent d’une ambition claire : étendre et approfondir les relations avec l’Afrique à travers une coopération diversifiée, qui dépasse désormais la simple sphère militaire. La Russie affiche un intérêt marqué pour les échanges économiques et les investissements, considérant ces domaines comme des leviers essentiels pour consolider son influence. L’objectif est de construire des partenariats solides capables de résister aux fluctuations géopolitiques et de créer des synergies durables entre les économies russes et africaines.

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Parallèlement, la sécurité reste un pilier majeur de cette stratégie. Le remplacement du groupe Wagner par une nouvelle entité, l’Africa Corps — officiellement contrôlée par le ministère russe de la Défense. Ce changement signifie que Moscou souhaite désormais assurer un contrôle plus direct et formel de ses opérations militaires sur le continent, renforçant ainsi sa crédibilité auprès des États africains et sur la scène internationale.

Une coopération ciblée sur les enjeux sensibles

La Russie ne cherche pas simplement à multiplier ses contacts avec l’Afrique, mais à concentrer ses efforts sur des domaines sensibles, notamment la défense et la sécurité, où elle estime pouvoir offrir des alternatives crédibles aux partenaires africains. Ce positionnement s’explique par le fait que plusieurs pays africains cherchent à diversifier leurs alliances militaires, tout en bénéficiant d’un appui qui n’impose pas les conditions souvent associées aux relations occidentales.

La capacité de la Russie à intervenir sur des terrains complexes, en fournissant du matériel, une expertise ou un accompagnement dans la formation, lui confère une place stratégique unique. En ce sens, l’Afrique devient un terrain d’expérimentation et d’affirmation d’une diplomatie de puissance, où les enjeux économiques et militaires sont étroitement liés, comme les rouages d’une machine bien huilée.

Une vision pragmatique pour l’avenir

Le Kremlin affirme son intention de poursuivre cette dynamique à long terme, avec une approche pragmatique qui privilégie l’adaptation aux réalités africaines. Cette stratégie traduit une compréhension fine des attentes des États africains, qui cherchent à renforcer leur autonomie et leur développement tout en bénéficiant de partenariats solides et respectueux. L’enjeu pour la Russie est de s’implanter durablement dans un continent riche en ressources et en potentiel, à une époque où la concurrence géopolitique s’intensifie avec la multiplication des acteurs étrangers. En se positionnant à la fois comme partenaire économique et acteur sécuritaire, la Russie offre un modèle d’engagement qui combine influence politique, coopération économique et soutien militaire. Cette présence renouvelée pourrait modifier les équilibres régionaux, contribuant à une recomposition des alliances et à une diversification des options pour les pays africains.

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L’annonce récente du Kremlin ne fait que confirmer une stratégie mûrie : celle d’un renforcement structuré et multiforme de ses relations avec l’Afrique, allant au-delà des opérations privées pour s’inscrire dans une coopération étatique plus formalisée. Cette évolution traduit une volonté claire de Moscou de devenir un acteur incontournable sur le continent, capable de rivaliser avec les autres puissances internationales dans des secteurs cruciaux. L’Afrique, dans ce contexte, n’est plus seulement une scène d’interventions ponctuelles, mais un espace d’influence et de partenariats renouvelés, qui pourrait façonner les trajectoires géopolitiques des prochaines années.

Une réponse

  1. Avatar de Che Guevara
    Che Guevara

    l’implication en afrique ne doit pas etre reservee a quelque pays..Les pays africains doivent savoir et pouvoir choisir eux memes leurs partenaires compte tenu de leur besoin.

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