Maghreb: ce pays est le 2ème client africain d’un géant européen énergétique

L’Algérie, tout en poursuivant sa stratégie de diversification économique et diplomatique, renforce progressivement sa position parmi les partenaires énergétiques majeurs de l’Europe. Le pays, qui s’est montré actif dans la consolidation de ses relations avec plusieurs puissances, dont l’Italie, semble avoir trouvé un terrain de convergence durable dans le secteur des hydrocarbures. Ce rapprochement, soutenu par des intérêts mutuels, trouve une expression concrète dans les flux d’investissements réalisés par le groupe pétrolier italien Eni, pour lequel le continent africain – et plus particulièrement l’Algérie – joue un rôle central.

Un afflux financier significatif en 2024

Le dernier rapport annuel d’Eni, publié conformément à la directive européenne sur la transparence dans le secteur extractif, révèle que l’Algérie a reçu 1,2 milliard de dollars au titre des paiements liés aux activités d’exploration et de production. Ce montant place le pays au deuxième rang africain, derrière la Libye (2,1 milliards) mais devant l’Égypte (826 millions). Ces flux englobent divers types de paiements : impôts sur les bénéfices, redevances, primes contractuelles, et contributions en nature.

Ce niveau de transfert témoigne de l’intensité des opérations menées par Eni sur le territoire algérien, où le groupe bénéficie d’une implantation historique et d’une coopération étroite avec Sonatrach. Les deux entreprises s’inscrivent dans un modèle de contrats de partage de production, qui suppose une fiscalité plus directe que dans d’autres régions du monde.

Le Maghreb au cœur du modèle Eni

L’Afrique représente un pilier fondamental dans la stratégie financière d’Eni : 61 % de ses paiements mondiaux en 2024 – soit 5,7 milliards de dollars sur un total de 9,1 milliards – ont été dirigés vers des pays africains. Cette concentration illustre la dépendance croissante du groupe à l’égard du continent, en particulier dans le Maghreb, où l’Algérie, la Libye et l’Égypte concentrent près de la moitié des versements mondiaux du groupe.

À noter que ces chiffres traduisent une légère baisse par rapport à 2023 (9,7 milliards), mais confirment néanmoins une tendance structurelle : l’Afrique reste un centre de gravité pour Eni, à la fois comme base de production et comme vecteur de coopération énergétique.

Des actifs stratégiques et une coopération consolidée

En Algérie, les activités du groupe italien reposent sur des gisements matures et bien équipés, notamment dans la région saharienne sud-est. Parmi les infrastructures clés figurent la dorsale Berkine–In Amenas et le gazoduc TransMed, capable d’acheminer jusqu’à 30 milliards de m³ de gaz par an vers l’Italie. Les exportations algériennes en 2024 se sont élevées à 28 milliards de m³, consolidant la position du pays en tant que premier fournisseur gazier de l’Italie.

Cette coopération énergétique s’inscrit par ailleurs dans une dynamique géopolitique plus large, soutenue par le Plan Mattei – une initiative du gouvernement italien visant à redéfinir ses relations économiques avec l’Afrique. Dans ce cadre, le PDG d’Eni, Claudio Descalzi, a annoncé en avril 2025 un plan d’investissement de 24 milliards d’euros sur quatre ans répartis à parts égales entre l’Algérie, la Libye et l’Égypte. Cette orientation stratégique repose notamment sur la croissance anticipée de la demande énergétique locale, estimée entre 7 et 8 % par an.

Une convergence d’intérêts durables

Le positionnement de l’Algérie en tant que hub énergétique pour l’Europe, adossé à une relation de confiance avec des groupes comme Eni, laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour le pays. Au-delà des seuls flux financiers, c’est une coopération à long terme qui se dessine, fondée sur une interconnexion des intérêts économiques, stratégiques et géopolitiques. La stabilité relative des actifs algériens, conjuguée aux ambitions italiennes en Afrique, pourrait faire de ce partenariat un modèle de référence dans les années à venir.

Laisser un commentaire