Les équilibres géopolitiques en Afrique de l’Ouest connaissent de profonds bouleversements, amplifiés par les tensions croissantes entre l’Algérie et certains membres de l’Alliance des États du Sahel, notamment le Mali. L’incident provoqué par la destruction d’un drone malien à la frontière algérienne a ravivé les crispations diplomatiques et mis à mal les relations entre Alger et ses anciens alliés sahéliens. Le Maroc semble tirer parti de l’isolement de l’Algérie pour se rapprocher d’un pilier de l’AES : le Burkina Faso. En apportant un appui militaire ciblé, Rabat cherche à marquer sa présence dans une zone stratégique, au moment où les alliances traditionnelles se fragilisent.
Un appui opérationnel visible sur le terrain
À Bobo-Dioulasso, deuxième grande ville du Burkina Faso, un avion de transport militaire marocain de type C-130 Hercules est déployé depuis le 18 juin. Ce moyen logistique est un atout important pour les forces armées burkinabées, notamment dans le cadre de leurs exercices annuels de parachutage. L’appareil facilite le déploiement rapide des troupes et le renforcement des capacités aéroportées du Burkina, un domaine crucial face aux nombreux défis sécuritaires dans la région.
En parallèle, les échanges entre les militaires des deux pays se sont intensifiés : plusieurs officiers burkinabés ont suivi en mai dernier, une formation au Maroc, encadrée par des spécialistes de la direction chargée de l’histoire militaire au sein de l’état-major marocain. Ces programmes montrent un transfert de compétences et un échange d’expertises qui vont bien au-delà de la simple présence matérielle.
Tirer parti des désaccords régionaux pour renforcer les alliances
Les différends entre Alger et les gouvernements militaires du Sahel ont ouvert une fenêtre d’opportunité pour d’autres acteurs régionaux, à commencer par le Maroc. L’éloignement de l’Algérie, ancien pilier des relations sécuritaires dans la zone, crée un vide que Rabat cherche à combler en proposant une coopération militaire plus étroite et plus visible avec le Burkina Faso.
Ce repositionnement se rapproche d’une forme de rééquilibrage des forces dans la région, où les alliances se redessinent sous l’effet des enjeux sécuritaires et politiques. En offrant des formations spécialisées et un soutien matériel, le Maroc se présente comme un partenaire fiable, capable de répondre aux besoins spécifiques du Burkina.
Vers une nouvelle configuration sécuritaire au Sahel
Ce rapprochement entre le Maroc et le Burkina Faso marque une étape importante dans la recomposition des alliances au Sahel. En renforçant les capacités militaires burkinabées, Rabat contribue à doter la région d’acteurs mieux préparés à faire face aux menaces transnationales, notamment celles liées aux groupes armés terroristes. Cette coopération est aussi un désir d’affirmation marocaine sur la scène africaine, au-delà de ses frontières traditionnelles.
Pour le Burkina Faso, bénéficier d’un soutien marocain signifie disposer d’un appui logistique et pédagogique qui pourrait faire la différence dans la gestion de ses défis sécuritaires. Cette collaboration ouvre ainsi la voie à une nouvelle forme de partenariat, plus équilibrée et adaptée aux réalités actuelles du Sahel.


