Fortunes : ce milliardaire va léguer sa fortune à ses 106 enfants

Pavel Durov (Nadine Rupp/Getty Images )

Créateur de l’application Telegram et fondateur du réseau social VKontakte, Pavel Durov s’est imposé comme l’une des figures les plus atypiques de la tech mondiale. Réfugié volontaire hors des circuits traditionnels, farouchement opposé à la surveillance étatique, il s’est bâti une réputation de libertaire numérique. Mais ce n’est pas un nouveau projet technologique ou un bras de fer avec une autorité qui fait parler de lui aujourd’hui : c’est sa vision radicale de la transmission de richesse qui suscite l’étonnement.

Dans un entretien accordé au magazine Le Point, publié le 19 juin 2025, Durov a annoncé qu’il répartira sa fortune – avoisinant 17,1 milliards de dollars – entre ses 106 enfants. Une décision peu conventionnelle, tant dans sa forme que dans son fond.

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Une clause d’attente pour des héritiers nombreux

Pas question pour ces enfants de disposer immédiatement de leur part. Le milliardaire a fixé une règle claire : aucun ne pourra toucher à cette somme avant l’âge de 30 ans, soit à partir du 19 juin 2055. Selon ses propos rapportés, cette mesure vise à garantir que chacun ait le temps de se développer de manière autonome, sans être conditionné par le confort d’une immense fortune reçue trop tôt. Pour Durov, grandir sans appui financier excessif permet de bâtir une personnalité plus solide, capable de faire des choix réfléchis et indépendants.

L’aspect le plus singulier de cette annonce réside toutefois dans l’identité de ses héritiers. Durov précise qu’il ne fait aucune distinction entre ses enfants biologiquement conçus et ceux issus de ses dons dans des cliniques spécialisées. Tous seront considérés de la même manière, avec les mêmes droits sur son patrimoine. Une manière assumée de redéfinir la paternité et de revendiquer une responsabilité élargie envers sa descendance.

Un choix philosophique avant d’être financier

En repoussant l’accès à son héritage, Durov adopte une approche presque éducative de la transmission. Là où d’autres créent des fondations ou transmettent dès la majorité, lui pose une condition temporelle qui fonctionne comme un rite de passage. Ce n’est pas un rejet de la fortune, mais une volonté de ne pas la confier à des individus qui n’ont pas encore eu le temps de se construire. Il transforme ainsi l’attente en espace de croissance.

Cette décision reflète une certaine cohérence avec le parcours du fondateur de Telegram : celui d’un homme qui a toujours privilégié la maîtrise de ses choix à la facilité, et la construction individuelle à l’assistanat. Plutôt que de sécuriser l’avenir de ses enfants par un versement anticipé, il leur propose une forme de défi, une invitation à devenir pleinement acteurs de leur destinée avant de recevoir leur part de richesse.

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Une autre vision de la postérité

L’approche de Durov interroge la manière dont les élites économiques envisagent la succession. Alors que de nombreux grands noms de la tech s’orientent vers des donations caritatives massives ou la création d’écosystèmes fermés autour de leur nom, lui choisit de faire confiance à des individus qu’il ne connaît pas tous encore personnellement, mais qu’il reconnaît comme siens. En cela, il transforme sa fortune en outil de responsabilisation, pas en simple legs.

Son geste, n’a rien d’un caprice : c’est une extension de sa vision du monde. Une fortune construite hors des sentiers battus, transmise selon des règles qui bousculent l’ordre établi. Et peut-être, pour une génération confrontée à l’excès comme à l’inégalité, un modèle d’héritage à réinventer.

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