L’énergie nucléaire suscite un regain d’intérêt sur le continent africain, où plusieurs pays cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement énergétique. Si la technologie nucléaire reste marginale sur le continent, son potentiel en matière de production d’électricité décarbonée et stable attire de nouveaux acteurs. En Afrique australe, l’Afrique du Sud reste le seul État à disposer actuellement d’une centrale en activité, à Koeberg. Cependant, la Namibie se positionne désormais sur cette trajectoire, en engageant des démarches concrètes pour accueillir sa première installation nucléaire, avec le soutien d’un acteur de poids sur la scène mondiale.
Rosatom au cœur du projet namibien
La société d’État russe Rosatom, active dans la promotion de l’énergie nucléaire à l’international, mène actuellement des discussions avancées avec les autorités namibiennes. Selon Sputnik Africa, ce projet marque un tournant pour la Namibie, qui entend poser les bases de son premier réacteur nucléaire en partenariat avec l’entreprise russe. L’objectif affiché est clair : intégrer durablement l’énergie nucléaire dans la stratégie nationale de production électrique.
« Nous considérons la Namibie comme un partenaire très prometteur dans le domaine de l’énergie nucléaire… non seulement en tant que nation riche en ressources, mais aussi en tant que pays avant-gardiste avec le potentiel de devenir un leader régional en matière d’énergie à faible émission de carbone », a affirmé Ryan Collyer, directeur général de Rosatom Afrique centrale et australe, lors d’un entretien accordé à Sputnik Africa.
Un contexte régional en mutation
Ce rapprochement russo-namibien intervient alors que l’Afrique du Sud, pionnière régionale du nucléaire civil, s’apprête à renforcer ses capacités de production. Le pays prévoit d’ajouter 2,5 gigawatts de production nucléaire d’ici 2024, avec une mise en service visée à l’horizon 2030. Cette évolution pourrait ouvrir la voie à une coopération régionale élargie en matière de savoir-faire, de régulation et de sécurisation des installations.
Dans ce paysage énergétique en recomposition, la Namibie ambitionne de ne pas rester à la traîne. Le pays voit dans l’énergie nucléaire une opportunité de répondre à ses besoins croissants tout en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles et aux importations.
Un signal politique fort à Windhoek
L’intérêt namibien pour le nucléaire s’est confirmé lors du premier discours sur l’état de la nation prononcé par la présidente Netumbo Nandi-Ndaitwah, récemment investie. Elle y a clairement exprimé l’intention du gouvernement de lancer les premières discussions officielles sur la construction d’une centrale nucléaire.
La position affirmée de la cheffe de l’État donne une impulsion politique significative au projet et envoie un signal fort aux partenaires potentiels, parmi lesquels la Russie figure désormais en tête.
Un partenariat stratégique en perspective
Au-delà de la construction d’une centrale, Rosatom envisage une coopération plus large, s’inscrivant dans une logique de développement à long terme. Cela pourrait inclure le transfert de technologie, la formation des ingénieurs locaux, ou encore l’accompagnement dans la mise en place d’un cadre réglementaire et sécuritaire adapté. Pour la Namibie, ce partenariat constituerait un jalon majeur dans sa stratégie de transition énergétique. L’enjeu est aussi géopolitique : en se tournant vers Moscou, le pays pourrait diversifier ses alliances tout en renforçant sa souveraineté énergétique.
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