De plus en plus de dirigeants politiques sont séduits par l’idée de relocaliser la production industrielle, une tendance qui s’est accentuée depuis les récentes crises sanitaires et géopolitiques. Cette stratégie, visant à renforcer la souveraineté économique nationale, gagne particulièrement du terrain en France, où Emmanuel Macron promeut activement une politique de réindustrialisation.
Cependant, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) met en garde contre les conséquences économiques potentielles dans son dernier rapport publié début juin. Selon les analyses de l’OCDE, une politique généralisée de relocalisation des chaînes d’approvisionnement aurait des répercussions économiques majeures.
L’institution prévoit une baisse de 18 % du commerce international et une contraction de 5 % du PIB mondial. Ces projections interviennent dans un contexte où les menaces protectionnistes, notamment américaines, pèsent sur les échanges commerciaux mondiaux.
Vulnérabilités contrastées selon les modèles économiques
L’organisation reconnaît que certaines économies nationales, comme les États-Unis, la Chine et le Brésil, sont moins exposées aux perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales grâce à leur recours privilégié aux marchés domestiques. Cependant, cette protection apparente s’accompagne d’une sensibilité accrue aux chocs internes, dont les répercussions sont généralement plus prononcées que celles provenant de l’étranger.
À l’inverse, les économies européennes comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, ainsi que le Canada, présentent une vulnérabilité particulière aux perturbations internationales en raison de leurs liens étroits avec les grandes puissances économiques. Paradoxalement, cette interdépendance leur offre également davantage d’options d’adaptation et de diversification que les marchés purement domestiques, constituant ainsi un facteur de résilience.
Des pertes économiques généralisées sans exception
La modélisation économique révèle des résultats surprenants : aucune nation ne tirerait profit d’une relocalisation massive. Les pertes de richesse nationale oscilleraient entre 1,1 % et 12,2 % du PIB selon le degré d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. La France et la Chine subiraient une contraction de 5 % de leur PIB, tandis que le Canada, le Royaume-Uni et l’Asie du Sud-Est enregistreraient des baisses supérieures à 10 %. L’Union européenne accuserait quant à elle une diminution légèrement inférieure à 5 % de sa richesse collective.
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