Rivalités au Maghreb : controverse autour de la paternité du couscous

Longtemps considéré comme un symbole de convivialité partagée entre les peuples du Maghreb, le couscous de blé dur a conquis les tables du monde entier, bien au-delà de ses origines nord-africaines. Présent dans les cantines scolaires françaises, au menu de nombreux restaurants en Europe, et même dans certains concours gastronomiques internationaux, ce plat simple à base de semoule, de légumes et parfois de viande est devenu un ambassadeur culinaire incontestable. Pourtant, derrière cette apparente unanimité se cache une querelle de légitimité culturelle entre voisins maghrébins. Au centre du différend : la revendication de la « vraie » origine du couscous. Et cette fois, c’est l’Algérie qui accuse directement le Maroc de détournement patrimonial.

Une cuisine au cœur des tensions identitaires

Lors d’une séance au Parlement algérien, le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, a dénoncé ce qu’il perçoit comme une tentative systématique du Maroc de s’approprier des éléments fondamentaux de l’identité algérienne. Dans son viseur : le couscous, érigé en exemple d’un prétendu « pillaged culturelle » facilité, selon lui, par la situation chaotique qu’a traversée l’Algérie dans les années 1990. Pour appuyer ses accusations, il s’est référé à une étude d’un historien français du début du XXe siècle, selon laquelle les premières mentions du couscous remonteraient à l’Algérie. Le ministre affirme que le royaume chérifien aurait profité de cette période de grande instabilité pour réécrire l’histoire, en se réclamant de symboles culturels qui, à ses yeux, n’étaient pas les siens.

Derrière la polémique, ce n’est pas qu’un plat qui est en jeu, mais une bataille autour de la mémoire, de l’héritage et du prestige. Dans une région où la culture constitue un vecteur d’affirmation nationale, chaque élément du patrimoine devient un enjeu politique. Et dans ce bras de fer, la cuisine, souvent considérée comme un patrimoine vivant, devient un terrain sensible, exposé aux passions autant qu’aux interprétations historiques divergentes.

Le couscous, miroir des rivalités entre voisins

Le couscous n’a pas seulement traversé les frontières géographiques, il est devenu un sujet d’enjeux diplomatiques. L’Unesco, en 2020, avait pourtant reconnu le couscous comme patrimoine immatériel de plusieurs pays à la foisnotamment l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Mais cette reconnaissance plurielle ne semble pas avoir calmé les tensions. Pour certains responsables algériens, cette co-inscription masque un déséquilibre historique, où le Maroc serait parvenu à se hisser comme le visage dominant de la culture maghrébine à l’international, aux dépens de l’Algérie.

En évoquant « d’autres produits injustement attribués » sans les nommer, Meziane laisse entendre que cette dispute autour du couscous ne serait qu’un symptôme parmi d’autres. On touche ici à une perception plus large d’un effacement culturel progressif, entretenu, selon lui, par une politique marocaine délibérée. L’architecture traditionnelle, le chant, la cuisine et même certaines figures de la résistance seraient concernées par cette dynamique accusée de déposséder l’Algérie de ses repères symboliques.

Quand la mémoire historique rencontre la politique du quotidien

Cette controverse n’étonne guère dans une région marquée par des relations diplomatiques tendues, où les dossiers frontaliers, la question du Sahara occidental et les divergences idéologiques ont régulièrement alimenté les désaccords. Le différend autour du couscous vient simplement rappeler que même les traditions culinaires ne sont pas à l’abri des conflits de représentation.

Dans une époque où les nations cherchent à valoriser leur image à travers leur patrimoine, l’appropriation culturelle, réelle ou perçue, devient un terrain de confrontation aussi sensible que les frontières physiques. L’histoire du couscous, avec ses mille déclinaisons et ses multiples racines, est pourtant celle d’un partage, d’un tissage lent de pratiques populaires qui ont transcendé les appartenances étatiques modernes. Mais dans le climat actuel, chaque récit devient revendication, chaque recette devient manifeste.

Alors que le couscous continue de régaler les palais aux quatre coins du globe, au Maghreb, il divise. Plus qu’un débat sur un plat, c’est une lutte autour de l’héritage, de la reconnaissance et de la mémoire que se livrent deux pays liés par une histoire commune mais rivaux dans leur volonté de la faire leur.

1 réflexion au sujet de « Rivalités au Maghreb : controverse autour de la paternité du couscous »

  1. Le département régence créé il y a 62 ans sans histoire, ni culture à part le mensonge, mythomanie, l’esbroufe…
    Ce médiocre excellant dans l’abrutistan n’a que cela à faire… nous sommes à l’air de l’IA, de la colonisation sur Mars etc etc et lui il veut s’approprier le couscous.
    Le ministre s’emerveillant devant un paiement carte bancaire en 2025.
    Le niveau de médiocrité du département régence est affligeant.

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