En déplacement dans le sud du pays, le ministre de l’Intérieur Jean-Baptiste Tine a profité de sa tournée pour faire le point sur l’état d’avancement du Plan Diomaye, un dispositif d’intervention à fort potentiel déployé en Casamance depuis fin 2024. Huit mois après son lancement, ce programme multidimensionnel affiche plus de 30 % d’exécution, selon les chiffres communiqués par les autorités. L’annonce a été faite lors d’une étape à Mahmouda, village emblématique où les stigmates de l’exil sont encore visibles mais où l’espoir revient progressivement.
Le retour aux villages comme boussole
À Bilasse, Bissine et Mahmouda, plus de 400 personnes ont pu regagner leurs villages après près de trois décennies d’abandon forcé. Pour la plupart, il s’agit de familles déplacées par les violences liées au conflit casamançais, contraintes à l’errance ou au repli en zone urbaine. Leur retour, coordonné avec les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les autorités locales, est présenté par le ministère comme l’un des marqueurs les plus tangibles du succès initial du programme.
Dans ces zones où la végétation avait envahi les concessions et où les infrastructures de base étaient inexistantes, la réinstallation a été précédée de travaux de sécurisation, de déminage, de réhabilitation de puits et de pistes rurales. L’Agence nationale pour la relance des activités en Casamance (ANRAC), bras opérationnel du plan, a encadré ces interventions en collaboration avec les populations et les collectivités.
Un budget structurant, une exécution progressive
Doté d’une enveloppe comprise entre 53 et 54 milliards FCFA, le Plan Diomaye s’articule autour de trois piliers : la réintégration sociale des déplacés, la relance économique par l’investissement local, et la consolidation sécuritaire des zones rurales. À ce jour, un tiers de cette ambition globale est déjà opérationnel, selon les estimations présentées à la presse locale. Les efforts sont particulièrement concentrés dans les départements de Ziguinchor, Bignona et Goudomp, où les besoins cumulés sont les plus élevés.
L’exécution partielle de ce programme n’est pas un signe de lenteur, mais la conséquence d’un choix méthodique. Les autorités ont privilégié une montée en puissance progressive, avec des phases tests dans des localités ciblées, avant une extension plus large. Ce rythme, jugé réaliste, vise à garantir une mise en œuvre cohérente, adaptée aux spécificités géographiques et sociales de la région.
Une paix concrète à construire au quotidien
La visite du ministre Tine a aussi été l’occasion de souligner l’importance du facteur humain dans le processus de stabilisation. S’il salue le travail des FDS pour le rétablissement de l’ordre et la sécurisation des axes, il insiste également sur l’approche communautaire et la nécessité de maintenir un dialogue permanent avec les anciens déplacés, les chefs de village, les femmes et les jeunes. À ses yeux, la paix ne résulte pas seulement de l’absence de tirs, mais de la reprise d’une vie normale : cultiver, étudier, circuler librement.
En marge des réunions officielles, des préoccupations pratiques ont été évoquées : accès au logement, scolarisation des enfants, documents d’état civil, santé. Autant de défis que l’État promet de relever dans la durée. À travers le Plan Diomaye, Dakar entend démontrer que la réconciliation peut s’incarner dans des actes visibles, concrets et mesurables.
Si les 30 % déjà réalisés représentent un socle encourageant, c’est la suite du parcours qui déterminera la crédibilité du projet. La Casamance, longtemps blessée et marginalisée, attend moins des promesses que des preuves de réparation. Et celles-ci commencent par le droit de rentrer chez soi sans peur, et d’y reconstruire dignement sa vie.



