Depuis plusieurs jours, les réseaux sociaux bruissent de commentaires sur le train de vie supposé de certains hauts responsables sénégalais. Au centre des discussions, une déclaration de Serigne Saliou Gueye évoquant des directeurs généraux qui, selon lui, auraient entamé la construction de résidences estimées à plusieurs centaines de millions. L’accusation est restée vague, sans noms, mais elle a suffi à faire réagir Fadilou Keita, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), l’un des établissements financiers publics les plus stratégiques du pays.
Moins de 7 millions, pas 16
Avant même de répondre sur le fond, Fadilou Keita avait tenu à corriger une rumeur persistante : non, il ne gagne pas 16 millions de francs CFA par mois. Il avait déjà précisé dans un post précédent que sa rémunération mensuelle était inférieure à 7 millions, soit moins de la moitié des montants colportés en ligne. Une clarification destinée à dissiper toute ambiguïté, dans un contexte où la transparence salariale des dirigeants publics reste un sujet sensible. Le responsable a également rappelé que la comparaison avec ses revenus précédents était légitime : une évolution de salaire n’implique pas automatiquement un enrichissement illicite.
Le crédit comme levier, pas comme soupçon
Invité de l’émission En vérité sur Radio Sénégal, Fadilou Keita a élargi la réflexion. Selon lui, une personne qui voit ses revenus progresser peut légitimement accéder à des facilités de crédit auprès des institutions bancaires. Construire une maison grâce à un prêt immobilier ne constitue en rien une anomalie, encore moins un signe de détournement. Il insiste sur une vérité souvent ignorée : au-delà de la fonction occupée, c’est la capacité d’endettement calculée par les banques qui permet ou non d’obtenir des financements élevés.
Ce raisonnement vise à décorréler les possessions apparentes des responsables publics de soupçons systématiques. Pour Fadilou Keita, les accusations doivent reposer sur des faits, pas sur des impressions ou des raccourcis. Il appelle d’ailleurs à une démarche claire : que ceux qui détiennent des informations sérieuses sur des cas d’enrichissement injustifié les rendent publiques ou les transmettent aux autorités compétentes. Un défi lancé à Serigne Saliou Gueye, qu’il invite à fournir des noms si les faits sont avérés.
Une défense qui interroge l’avenir de la transparence publique
Au-delà de sa propre situation, Fadilou Keita met le doigt sur un enjeu plus structurel : celui de la traçabilité des revenus et du patrimoine des agents de l’État. En prenant les devants dans sa communication, il tente d’imposer un modèle où la critique est entendue, mais doit s’accompagner de rigueur. Il estime que les nouvelles autorités, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko en tête, devraient exploiter ce type d’interpellation pour initier une réforme profonde des pratiques de déclaration et de contrôle.
À l’heure où le pouvoir exécutif affiche une volonté de rupture, ces polémiques offrent l’occasion de poser les bases d’une gouvernance plus exigeante. La question n’est pas de savoir si un directeur peut ou non construire une maison, mais de s’assurer que chaque acquisition repose sur une logique cohérente, traçable et justifiable. Entre soupçon collectif et preuve individuelle, le débat ouvert par cette affaire pourrait bien accélérer l’instauration d’un système de reddition de comptes régulier et crédible. Fadilou Keita, en prenant la parole, ne défend pas seulement sa position : il interpelle aussi les règles du jeu.
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