La carte du développement sénégalais ne se dessine plus uniquement autour de la capitale. Le Nord, autrefois perçu comme périphérique, prend une place centrale dans les orientations économiques actuelles. Structuré autour de huit pôles économiques dans la Stratégie nationale d’aménagement du territoire, le pays cherche à rééquilibrer ses dynamiques régionales. Le pôle Nord, regroupant les régions de Saint-Louis, Podor, Matam et Dagana, est désigné comme une zone clé pour les productions agricoles, les industries de transformation et les échanges avec les pays frontaliers.
Dans cette optique, la tournée du président Bassirou Diomaye Faye les 12 et 13 juin à Saint-Louis et Podor s’inscrit dans une démarche de consolidation des acquis et d’accélération des projets structurants. Le chef de l’État a visité plusieurs sites agricoles et industriels, en mettant l’accent sur la riziculture, la production d’oignon, les ports fluviaux, les coopératives, et les usines sucrières. Chaque arrêt, chaque échange avec les producteurs ou techniciens locaux, traduisait un message clair : le Nord ne doit plus seulement produire, il doit nourrir, transformer, et exporter.
Soutenir les champions de la production locale
L’une des étapes marquantes de cette tournée a été la visite de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) à Richard-Toll. Devant les responsables de l’entreprise et les travailleurs, le président a salué les efforts de modernisation engagés. Il a notamment évoqué la perspective de voir la production annuelle passer de 140 000 à 220 000 tonnes de sucre, un objectif que la CSS est déjà en train d’anticiper. Une ambition qui, selon lui, mérite un accompagnement ferme de l’État, tant sur le plan fiscal que logistique.
Ce geste fort envers la CSS s’insère dans une volonté plus générale de soutenir les filières capables de réduire la dépendance aux importations. Riz, oignon, sucre, tomate : autant de produits pour lesquels le Sénégal possède non seulement des conditions favorables mais aussi des acteurs expérimentés. Le président a rappelé que l’industrialisation locale passe d’abord par la sécurisation de la matière première, puis par des investissements dans la transformation, la conservation et la commercialisation.
Écouter les territoires pour mieux agir
Au-delà des infrastructures et des chiffres, la tournée a permis au président de renouer avec les réalités concrètes du terrain. À Podor, à Saint-Louis ou dans les villages traversés, il a échangé avec les jeunes, les femmes productrices, les élus et les entrepreneurs. L’enjeu n’était pas simplement de visiter, mais de comprendre comment les projets portés par l’État sont vécus, perçus, et dans certains cas, freinés.
Dans un pays où l’aménagement du territoire a longtemps souffert de déséquilibres persistants, la valorisation du pôle Nord en tant que moteur agricole et industriel est une opportunité de taille. À condition que les efforts de l’État s’accompagnent d’un suivi rigoureux, d’un accès au financement pour les producteurs, et d’une meilleure coordination entre les secteurs.
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