Sénégal : L’orientation des élèves entre ambitions nationales et réalités régionales

Du 13 au 15 juin 2025, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES) a accueilli la première édition d’un salon entièrement dédié à l’orientation et à la formation. L’événement a mobilisé des milliers d’élèves, parents, enseignants et professionnels venus s’informer sur les parcours universitaires et les débouchés professionnels. Pour les élèves en quête de repères avant l’obtention du baccalauréat, le moment était crucial. Entre conférences, rencontres avec les représentants d’universités, écoles de formation et corps de métiers, les futurs étudiants ont eu l’occasion de bâtir plus concrètement leurs projets d’avenir.

Ce salon intervient à un moment stratégique. Le baccalauréat technique débute aujourd’hui 16 juin, marquant le lancement officiel des épreuves nationales. Dans deux semaines, les séries générales prendront le relais, avec plus de 166 000 candidats attendus. Cette dynamique éducative met d’autant plus en lumière l’importance d’un accompagnement efficace pour ces jeunes, à l’aube de choix structurants pour leur avenir académique et professionnel.

Campusen, outil central de décision mais encore imparfait

Alors que les examens se préparent, les regards se tournent vers Campusen, la plateforme d’orientation post-bac du Sénégal. D’après le ministre en charge de l’Enseignement supérieur, 76 % des élèves y ont déjà confirmé leur choix d’orientation, signe d’un usage massif du dispositif. La plateforme reste accessible jusqu’au 30 juillet, offrant aux indécis un délai supplémentaire pour se décider.

Toutefois, malgré ces avancées numériques, le salon a mis en lumière plusieurs limites persistantes. De nombreux élèves venus des régions, notamment de Kolda, Matam ou Kédougou, ont déploré l’absence de solutions digitales ou de prise en charge du transport, les empêchant d’accéder à l’événement. Dans un pays où les disparités géographiques et technologiques restent fortes, cet obstacle soulève des interrogations sur l’équité dans l’accès à l’information et aux opportunités.

Vers une stratégie plus inclusive ?

Ce salon, bien qu’ambitieux et salué pour la richesse de ses contenus, pose donc les jalons d’une nouvelle réflexion sur l’orientation scolaire. Si la capitale a pu bénéficier d’un cadre structuré et d’un accès direct aux institutions, les régions attendent toujours des réponses concrètes. La question n’est plus seulement de réunir les acteurs de l’éducation dans un lieu unique, mais de créer des passerelles durables pour tous les élèves, peu importe leur localisation.

La réussite de l’orientation passe par une double exigence : des contenus accessibles, pertinents et actualisés, mais aussi des modalités inclusives, tenant compte des inégalités de terrain. Ce premier salon envoie un signal fort, mais pour transformer l’essai, il faudra que l’engagement affiché se traduise rapidement par des actions concrètes au bénéfice de tous les élèves du pays.

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